Au fil du flux des tweets…

Ce matin je tombe sur ce sympathique tweet de dominique dupagne.

 

J’y réponds.

 

Pourquoi ai je mal pris ce message? Je suis responsable de l’enseignement en L3 pour l’uro-néphro dans ma faculté. Je n’ai rien demandé, on me l’a imposé. Si je suis le raisonnement de dominique, quand on donne le nonos enseignement à un PU-PH, c’est qu’il est nul. Pas agréable à lire venant de la part d’une personne pour qui j’ai de l’estime.

J’ai l’impression de pas mal m’investir dans cet enseignement. Il se rajoute à d’autres activités, cliniques et recherche, qui me consomme pas mal de temps. Depuis deux mois, je passe mon temps à préparer des cours pour essayer de trouver un bon angle d’attaque. Je ne demande pas qu’on me plaigne, j’ai choisi de rester HU. Je ne demande pas qu’on me dise que je suis formidable, je le sais, je suis HU ;-).

J’aimerai juste qu’on respecte mon travail. Je ne sais pas si je suis un bon pédagogue. Seuls les étudiants qui me voient en cours peuvent le dire. J’essaye de leur transmettre des messages simples en leur donnant des bases solides pour qu’il puissent affronter la suite de ma spécialité qui sans être compliquée est parfois contre intuitive et résiste au par cœur qui nous a sélectionné. J’ai du me mettre à jour en physiologie, réfléchir à comment la faire passer de façon pas trop indigeste. Que dire en sémiologie, les signes cliniques, la place de la BU, de la biologie, en jouant avec le programme imposé ou du moins fortement suggéré par le ministère. Je ne suis pas du tout sur d’y être arrivé.

Pour l’instant, le nombre d’étudiants reste stable pendant mes cours une grosse quarantaine. Je me rassure, si j’étais une plaie ils ne seraient plus là. Je mets mon support de cours en ligne. Je réponds aux questions. Je m’investis dans cet enseignement. De façon péremptoire on m’annonce que si je fais de l’enseignement, c’est parce que je suis nul. Le gazouillis de l’oiseau bleu a du mal à passer.

Ce n’est finalement qu’un problème d’égo. J’allais continué à répondre, parlant du parrainage que nous avons pour les externes dans le service, des cliniques en grand comité le samedi matin, etc. Mais, justement, il fallait faire passer les cliniques des DCEM2.  J’avais les boules. Je réfléchissais à une réponse cinglante. Mon étudiant n’a pas été brillant. C’est le moins que l’on puisse dire. Penser à demander l’age du patient à la minute 8 (sur 15) de la clinique et dire que le patient n’a jamais fumé alors qu’il est à 175 PA, n’est pas le meilleur moyen de ramasser une bonne note. Les autres n’étaient pas beaucoup plus brillant sauf une. Une bonne clinique et une bonne note, nous lui demandons où elle est en stage, elle nous répond.

Qui vous a appris à faire un examen clinique?

Internet…

Stupeur parmi le jury.

Dans mes stages on ne m’a jamais montré. Comme je voulais savoir j’ai cherché sur you tube une vidéo et je m’en suis inspiré. Après je suis allé voir des patients, seule, dans le service pour m’entrainer. J’aime bien rencontrer des malades et les interroger, les examiner.

Elle a fait un excellent interrogatoire et examen pour une D2. L’apprentissage de la médecine clinique sauce 2.0, ça marche.

Je me suis dis que dominique avait peut être raison, nous sommes inutiles nous les hospitalo-universitaires. Nous devons nous poser de sacrées questions sur nos missions, nos objectifs et notre valeur ajoutée comme enseignant.

Une étudiante qui a la possibilité d’être encadré tout les matins par des médecins, qui devraient lui transmettre leurs connaissances clinique, va apprendre l’examen clinique sur internet. J’ai honte du système HU. Je comprends mieux le sentiment d’injustice que certains étudiants ressentent quand ils viennent cliniquer chez nous, avec des exigences correspondant à ce que nous transmettons et l’absence de formation que d’autres leurs ont donné.

Je suis à la fois désespéré et ravi.

Désespéré car nous abandonnons nos missions d’enseignements au lit du malade. C’est une connerie. Nous donnons l’image d’une médecine uniquement technique qui peut se passer du contact humain et l’examen clinique. C’est une erreur et j’insiste une grande connerie. La seule chose qui permettra de contrôler les dépenses de santé, c’est d’apprendre à mieux interroger et examiner pour demander le moins d’examens para-cliniques et les plus pertinents possibles. Bien interroger et bien examiner pour prescrire de façon optimale.

Ravi, car ceci justifie pleinement ma modeste présence sur le réseau, le blog, twitter. J’avais envie de mettre mes cours en ligne, j’avais envie de tenter le live tweet de cours, j’avais envie d’autres outils pédagogiques. Cette étudiante me pousse à dépasser ma légendaire flemme et préparer ces projets pour la prochaine rentrée universitaire. Je suis aussi ravi car j’aimerai que cette histoire stimule les HU dans leur investissement pour l’apprentissage de l’examen clinique au lit du malade. Si nous, service public, nous ne nous reprenons pas en main, si nous continuons à dériver, nous perdrons notre spécificité. D’autres, plus motivés, plus ambitieux, moins gras, nous dépouillerons de cette belle mission qui est la transmission du savoir. Réveillons nous avant qu’il ne soit trop tard.

Merci à dominique pour ces tweets qui me secouent, surtout ne change rien

Merci à cette étudiante qui m’a fait réfléchir.

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29 réponses à Au fil du flux des tweets…

  1. Sacha dit :

    Très amusant cette situation mais assez représentative je pense d’une partie non négligeable des étudiants (ce n’est que mon avis) concernant ce fait: « Dans mes stages on ne m’a jamais montré ».
    DCEM3 et actuellement 1er stage où l’on se soucie de notre examen clinique.
    2 examens cliniques évalués via la faculté et pas un seul commentaire sur ce qui est bien ou ne l’est pas :/

    Du coup je viens de chercher sur internet des vidéos… Instructif ! (contact lombaire / flèche hépatique / palpation rate…)

    • PUautomne dit :

      Le problème c’est quand on dit des choses désagréables, et ce n’est pas le plaisir d’être désagréable. Je vous assure, que rien ne me désespère plus que de dire à un étudiant c’est pas bon. Je disais le pb est qu’immédiatement on vous étiquette gros méchant. Je pense qu’il est de ma responsabilité d’enseignant de dire ce qui va et ne va pas.
      Il faut passer en néphro, je vous assure qu’on s’occupera de vous.

  2. Bonjour,
    Cela rappelle Jaddo, en fin de stage d’externe :

    Le patron
    – « Je ne vous ai pas beaucoup vue, mademoiselle »
    Jaddo
    – « Moi non plus… »

    Sinon, je voudrais juste préciser mon tweet de ce matin. 140 caractères, c’est court. J’ai discuté ce WE avec des étudiants en médecine. Ils m’ont décrit la misère de leur enseignement, la désinvolture de nombreux professeurs, les troubles quasi psychiatriques de certains…

    Je me suis rappelé que la médecine a ceci de particulier qu’on n’est pas nommé professeur des universités pour enseigner, mais pour soigner, faire de la recherche, et accessoirement enseigner. Cette dernière activité est la moins porteuse et valorisante en terme de carrière. L’habitude a été prise, dans certains CHU, de confier l’enseignement aux couillons dont on ne savait pas quoi faire à l’hôpital et dans les labos de recherche. Et c’est un désastre, car ces couillons massacrent et découragent les étudiants, et que les dégâts induits sont bien pires que dans les services ou les labos. Bien sûr, ces couillons ne sont pas seuls à enseigner et il existe des profs impliqués ou tout simplement consciencieux.

    Les étudiants sont une population négligeable qui n’a aucun pouvoir sur le système universitaire, et qui doit donc subir sans broncher, et c’est ça qui m’énerve.

    Qu’a l’Université, les cours ne soient pas évalués par les étudiants est anormal. Je connais un département de médecine générale où cette évaluation avait été instaurée avec grand bénéfice pour tout le monde, sauf pour un enseignant qui était systématiquement mal noté. Malheureusement, cet enseignant était le PU du département, et sa réaction, logique, a été de supprimer l’évaluation.

    Comment savoir si on fait un bon enseignement ? C’est très simple, il suffit de demander aux étudiants.

    Mais comme d’habitude, ceux qui vont mettre ça en place sont les bons comme toi, et non les mauvais qui auraient besoin de le savoir.

    • nfkb (@nfkb) dit :

      les étudiants n’ont pas de pouvoir sur la nomination des PU mais ils peuvent jouer de grands rôles dans les conseils d’UFR, dans les comités de direction de Fac ou les conseils d’université. Les associations d’étudiants sont malheureusement fortement sujettes à un renouvellement rapide de leurs équipes ce qui complique les choses… mais lorsque les étudiants sont soudés sur plusieurs générations, les « corpos » peuvent vraiment jouer un rôle dans l’organisation de l’enseignement je pense.

      nfkb, ex-président de corpo

  3. Plus que 50 jours avant la fin dit :

    En effet nombre d’enseignements manquent de pédagogie, mais comme vous dites on vous l’a « imposé ». Alors si certains professeurs s’investissent, nombreux sont ceux qui ne le font pas. Or enseigner est une tâche ardue qui demande un certain savoir faire qui n’est pas inné.
    Concernant la clinique, je dirai que j’ai commencé l’externat en DCEM2 par un certain service de néphrologie légendairement redouté. Et finissant bientôt ma D4 je n’ai jamais retrouvé ce niveau d’enseignement clinique, servant plus souvent de main d’oeuvre bon marché que de véritable externe.

    • PUautomne dit :

      Un service de néphrologie légendairement redouté, je me demande bien où se trouve ce Mordor peuplé d’orques. Je suis rassuré que ces méchants orques vous aient appris des choses au lit du malade.

      • Au fait, j’ai oublié de dire que mon premier stage d’externe a eu lieu dans le « Palais du rein » de l’hôpital Necker, dans l’aile d’urologie. Jacob Cukier, urologue et chef de service, m’a appris le respect du patient, la prescription d’examen orientée exclusivement vers le bénéfice du patient (et non la beauté ou la complétion du dossier), et la finesse du raisonnement clinique.

        J’ai été marqué à vie par ce stage, d’autant que l’agrégé était un urologue « caricatural », ce qui m’a permis de mesurer le contraste entre ces deux attitudes.

        Mon combat contre le dépistage du cancer prostatique vient de cette rencontre et de cette lecture ultérieure http://www.atoute.org/divers/cukier1997-concoursmedical.pdf

        Autre chose à propos du retour qualitatif sur l’enseignement. En P1, chaque cours était fait par trois enseignants différents, non simultanés. Rapidement, un cours étaient plein, et dans un autre, il y avait 10 étudiants. Suivant les profs et les matières, le différentiel de fréquentation était variable. En fait, la qualité du cours se mesurait à l’audience. Pas mal comme système 🙂

        • hugo dit :

          Hmmm, mesurer la qualité d’un cours à son audience est extrêmement dangereux.
          Même en supposant que le public (dans son intégralité) aie la volonté d’assister au meilleur programme, il faut également que ce public soit à même d’en juger (difficile de juger du fonds d’un enseignement quand on ne le maîtrise pas déjà…).
          Il faut aussi prendre en compte le contexte : mettez un très bon prof dans une petite salle à 15°C et un mauvais dans un grand amphi correctement chauffé …
          Ensuite, sur quels critères juger ? Ces critères seraient-ils les mêmes, retenus par les étudiants ou par un collège de pairs enseignants …

          Je sais que je vais caricaturer sévère mais il suffit de voir les parts de marché télévisuelles pour se rendre compte que le public n’est pas bon juge …

          • Gélule dit :

            Bien au contraire, la mesure de la qualité des cours à l’audience est très très valable. Testée et approuvée dans ma fac. Les cours super interactifs du prof de pneumo faisaient salle comble. Les cours super interactifs du prof d’infectieux faisaient salle comble. Les cours pourris ambiance je-passe-mon-power-point-le-plus-vite-possible-pour-me-barrer du prof d’urologie, yavait que les deux étudiants de la ronéo.
            En université on n’est plus des bébés, et même si on est là pour apprendre on est très à même de juger de la qualité d’un cours.
            En pédagogie on dit que le meilleur juge de la qualité d’un cours c’est l’étudiant qui y assiste. Et je crois que c’est vrai.

  4. L dit :

    Waouh. Je ne m’attendais absolument pas à voir cet article après ma clinique de ce matin. Je suis ravie, et stupéfaite, des réactions qu’elle peut entrainer. En effet, je suis une grande frustrée de l’enseignement, beaucoup trop théorique à mon gout, que l’on nous enseigne à la Faculté, complètement coincé dans la préparation des ECN et souvent déconnecté de la réalité et de la pratique clinique, à focaliser sur des mots clés, à nous répéter que sinon « on finira généraliste à Metz », à croire que c’est la pire des choses qu’il puisse nous arriver (ce serait une joie pour moi). Je rêve d’un jour où on nous apprendra la médecine en parlant des patients, et non des maladies et des techniques multiples. Du jour où les externes ne seront pas une charge difficile à supporter, ou des « rangeurs de biologie », mais vraiment des personnes à qui on a envie de transmettre une pratique et non de leur montrer la hiérarchie de l’hôpital, ce qui est malheureusement trop souvent le cas au CHU.

    En attendant, je ne désespère pas et construit la formation que j’aime, au contact des patients, allant chercher par moi même les informations qui me manquent et qu’on ne veux pas me donner sans me dire « non mais tu ne sais pas ça, a ton niveau??? Non je ne sais pas, c’est pourquoi j’aimerai que tu m’apprennes… »

    Et j’encourage tous les étudiants à le faire, et aller voir les Professeurs de leur service quand ils estiment qu’on les a oublié, ou que la pédagogie est absente. Ça ne coute rien mais ça peut apporter beaucoup. Certains nous ont simplement oubliés, trop pris dans leurs consultations, dans leurs activités de recherche, dans leurs congrès. Je trouve dommage que de nombreux médecins soient « PROFESSEURS », ce qui veut dire « ENSEIGNANT », mais n’aient pas cette envie de faire partager leur savoir et transmettre leur expérience. A croire que ce terme a été vidé de sa substance initiale et n’est plus qu’un titre permettant de gravir progressivement des échelons.

    Merci tout de même aux médecins et professeurs qui aiment leur pratique et veulent le transmettre, c’est quand même tellement mieux quand vous nous apportez votre vécu, en direct et en vrai, plutôt que de le chercher sur le net. Merci!

    • PUautomne dit :

      Merci pour le commentaire, c’est effectivement une bonne idée d’aller tirer la manche de mes collégues pour leur dire « dessine moi un patient ».
      Bon courage pour la suite, je ne suis pas très inquiet pour vous. MG est un beau métier.

    • Jean-Marie dit :

      je suis généraliste à Metz 🙂
      le DU MG de Nancy fait de gros efforts pour améliorer l’enseignement du troisième cycle: venez la région est belle et la médecine de qualité!!
      Et j’acceuille externes et internes à mon cabinet .Pour celà nombreux sont les médecins, moi compris, à se former grâce aux séminaires du Collège National des Généralistes Enseignants ( CNGE)
      Nous progressons tous ….

  5. Dr_Ventouse dit :

    « Le patron
    – « Je ne vous ai pas beaucoup vue, mademoiselle »
    Jaddo
    – « Moi non plus… » »

    ENORME

  6. Dr_Carton dit :

    Merci pour ce billet.

    Je me souviens avoir appris toute la physiologie de tous les transporteurs du rein sans avoir appris à interpréter une BU (je ne sais toujours pas le faire, je suis en D2).

    Et je vais aller sur internet apprendre d’ailleurs.

    Bon courage à vous on sait reconnaître les bons professeurs et vous êtes indispensables !

  7. doudou13314682 dit :

    débat intéressant mais redondant depuis 45 ans au moins( la perspective critique du cours magistral en 1968, l’externat pour tous ensuite),l’apprentissage de la médecine clinique au delà des sciences fondamentales s’inscrit théoriquement dans le cadre d’une autoformation supervisée par les anciens,la défaillance est générale :des étudiants qui restent demandeurs de savoirs à régurgiter pour exams et ecn ,leur position pro d’externe les plaçant rarement à la différence des élèves infirmières dans une posture de pro en formation aux puph qui ont d’autres choses à faire et peinent déjà sur la formation des internes de spé tache plus « naturelle » car directement reproductive,les internes sont au milieu et débordés , les cca médicaux ont une responsabilité majeure parfois assumée…
    rencontrer un étudiant dans cette posture est intéressant mais pourquoi en parlerait il au quotidien, l’internet est accessoire comme source d’info, ma génération a appris entre emc de la Bu et revues et stages formateurs plus nombreux mais intensifs

  8. nfkb (@nfkb) dit :

    La pédagogie c’est difficile, ça prend beaucoup de temps et ça n’est pas du tout valorisé.

    Mais… considérer les étudiants comme des médecins en devenir en leur parlant *normalement* et leur donnant un minimum de pistes pour apprécier leur stage c’est quand même pas compliqué non ? Pourquoi sommes nous si nombreux dans les hôpitaux à fuir, à nous cacher vis à vis des étudiants de garde ? Pourquoi le « PH de base » écarte vaguement la possibilité d’apprendre un truc aux étudiants sous prétexte « que ça n’est pas son boulot » ?? voilà un truc qui m’énerve un peu au quotidien. On devrait tous participer à la formation de nos étudiants CH, ville, CHU et nos tutelles devraient tenir compte que nous nous occupons aussi de ça dans notre temps de travail.

    D’un autre côté, en trainant mes guêtres au CHU je vois aussi des étudiants/internes qui n’en ont parfois rien à secouer. Et à chaque fois que j’ai proposé en ligne des évaluations de mes petits enseignements j’avais moins de 10% de retour… Les deux extrêmes existent, il faut le rappeler.

    Par ailleurs l’utilisation d’internet ne me surprend pas, ça n’est que le prolongement des livres que l’on a allait choper à la BU ou à la librairie pour satisfaire une curiosité naturelle et compenser un enseignement peu efficace.

    Par contre il y a vraiment un enseignement délaissé et qui est probablement très difficile à trouver dans les livres ou sur le net c’est tout simplement l’apprentissage des relations humaines. Les stages ont été pour moi une véritable claque dans la gueule : la difficulté ça n’était pas tant l’apprentissage du raisonnement médical mais plutôt le défi comportemental de s’insérer dans une hierarachie, un groupe, avec ses codes et ses rites et de trouver au milieu de tout ça la meilleure façon possible de se comporter avec les patients.

    En bref, tant qu’il n’y aura pas un virage valorisant la pédagogie je crains qu’elle soit délaissée… les articles côtent un max pour le CNU mais pas les retours des étudiants 🙁

    pardon pour le manque de cohésion de ce commentaire… il y aurait tellement à dire, juste voulu mettre my 2 cents sur la table 😉

  9. Boris dit :

    L’enseignement « nullisisme » des professeurs n’est pas nouveaux.

    Pendant mes études de pharmacie, la pharmacologie était la matière la plus mal enseigné. A telle point qu’une grande majorité de ma promo a décidé de faire l’impasse et de rendre feuille blanche le jour de l’examen. Ils ont obtenus 1, véridique!!! (0 étant éliminatoire et ça aurait un bordel sans nom de refaire repasser l’épreuve a une si grande majorité…)
    Je me rappelle notamment d’une prof, qui refaisait le meme enseignement aussi bien en 3eme année qu’en 4eme année et plus tard dans un M2 auquel je m’étais inscrit (meme ppt à chaque fois).

    Il ne faut pas s’étonner après ça que de nos lacunes abyssales en pharmacologie, qui devrait quand meme être au pharmacien ce que la brique est au maçon.

    Autre exemple, le rein. L’enseignement cordonnée de néphrologie ne m’a laissé de souvenir impérissable, on n’y comprenait rien.
    C’est vrai que le rein pour un pharmacien c’est pas trés important … , ce n’est juste qu’un des deux organes majeurs impliqués dans le métabolisme et l’elimination des médicaments…

    Quand on regarde les cours en lignes sur coursera par exemple, je reste scotché, littéralement scotché sur le plaisir que prend le professeur a preparé son cours et à l’enseigner.

  10. Galilea dit :

    Durant mes années de fac, de 83 à 89, à l’époque où les étudiants se partageaient en deux groupes distincts: ceux qui allaient passer l’internat et devenir spécialistes, et ceux qui s’orientaient d’emblée vers la MG (nettement moins nombreux, j’étais de ce peloton), j’ai vu de tout:
    – des cours assurés par les assistants-chefs de clinique, généralement bien faits, collant à la pratique, quand les questions et QCM des examens étaient, eux pondus par les professeurs jamais vus en cours et planant à + 10000 dans la théorie et dans les raretés cliniques: un décalage tel que régulièrement, 75% de l’amphi repassait en septembre!
    – des cours assurés par des professeurs assumant leur rôle, accessibles et sachant se rendre passionnants: on aurait entendu une mouche voler dans des amphis affichant complet!
    – des stages où l’externe n’était qu’un range papier, range-dossier, dont le chef de service se souvenait tout juste en fin de stage : situation très bien dépeinte par Jaddo en radiologie
    – des stages cliniques passionnants, formateurs, avec un enseignement de qualité au lit du malade tant sur le plan humain que clinique.
    – des stages si souvent pris par les étudiants internistes pour n’y pas mettre les pieds afin de préparer l’internat, que plus personne ne savait ce qu’était un externe…ainsi un stage de gynéco, en DCEM4: seule externe présente, et bien décidée à apprendre quelque chose, je suis allée au bloc, j’ai emm…les chirs avec mes questions, j’ai hanté les salles d’op, suici les tours des médecins après les interventions…et me suis retrouvée réquisitionnée, plutôt contente, comme aide-op quand les internes CHU ont fait grêve du bloc pendant une semaine d’affilée…
    L’info ne tombe pas toujours toute cuite, il faut quelque fois la provoquer, aller à la pêche, enquiquiner le monde telle la mouche du coche pour apprendre…
    Bref, délicat de généraliser..à chacun de balayer devant sa porte…

  11. Le lézard dit :

    Bonjour,
    Le vrai problème du système c’est que beaucoup essayent d’agir mais de leur côté.

    Malheureusement très peu osent se fédérer, chercher à améliorer les choses au sein des conseils de faculté ou du comité des études. Les élus étudiants cherchent depuis des années d’améliorer le système, font de nombreuses démarches auprès des différents assesseurs et responsables de la fac.

    Ces démarches sont étayées d’études sérieuses, de sondages et de documents élaborés par les étudiants. Malheureusement notre poids face au doyen est nul. Et les enseignants se protègent de tout ça en criant à tue tête: « c’est votre rôle de faire bouger les choses » « prenez vous en main ». Certains bien sûr essayent mais sont vite découragés par la toute puissance d’un doyen trop autoritaire.

    Nous étudiants sommes là pour apprendre, nous sommes surchargés et avons surtout aucune influence sur la gouvernance.

    J’écris ce commentaire là pour vous renvoyer la balle. Sachez que vous êtes nombreux à penser que les choses doivent changer et que les étudiants sont dores et déja fédérés autour de cette cause.

  12. Lulupette dit :

    Je suis actuellement en D4, et finalement c’est cette année que j’ai le plus appris en examen clinique.
    Parce qu’avant, dans les stages, personne ne le montrait. Que je n’avais aucun retour de mes évaluations de stage.
    Que cette année, la fac a mis en place un « résidanat », permettant aux D4 volontaires de faire le « bébé interne », avec prise en charge complète de patients, et prescriptions. Que du coup, personne ne repasse après moi écouter les poumons. Et que si je n’ai pas entendu le foyer, personne ne l’étendra. Alors j’écoute mieux, et j’entend mieux.
    Parce que je me suis mise à vraiment apprendre mes cours. A fond. Que je connais beaucoup mieux la physiopathologie, et les signes cliniques qui s’y rapportent. Du coup je pense plus facilement à les chercher.

    Et ce matin…un prof a annulé son cours parce que les étudiants n’étaient pas assis assez bas dans l’amphithéâtre. Cours de préparation à la LCA, le dernier avant mai. Ce prof sera payé quand même.

    Bref, on trouve de tout comme prof, comme au collée/lycée.
    Tant pis, à nous de nous débrouiller pour devenir ce que l’on veut être, peut importé à quel moment se fait le déclic 🙂

  13. terrisse dit :

    je suis généraliste, maitre de stage et je veux juste te dire que si l’enseignant peut changer les choses, il faut penser que c’est à l’étudiant de faire aussi son chemin. Un peu facile de dire : « on m’a rien appris » et de ne pas avoir fait l’effort de chercher à apprendre. Il n’est plus au collège, non ? Il a choisi sa voie non ?

    Moi j’ai rien appris en chir : la faute de qui ? La mienne. Alors continue à faire ce que tu fais au mieux et merde au reste. Bravo pour ton blog qui m’apporte plein de savoirs.

    Vincent.

  14. Gélule dit :

    Article passionnant, et discussion passionnante, merci Perruche 🙂
    Si tu t’es senti si en colère après le tweet de Dominique, c’est parce que toi tu n’es pas nul, précisément 🙂
    Je te l’ai déjà dit plein de fois, mais ça fait jamais de mal : mon prof de néphro était un… bref. J’ai appris à ne plus avoir peur de la néphro grâce à ton blog, j’ai appris ce que je sais en néphro grâce à ton blog, je continue à apprendre des trucs en néphro grâce à ton blog. Quant à tes capacités d’enseignant clinique, le seul fait que, PUPH, tu fasses des gardes et que tu t’occupes des étudiants pendant celles-ci suffit à couper court à toute discussion.
    Il est bon de savoir qu’un PUPH comme toi existe. Même si je te désespèrerais probablement si je devais passer une clinique dans ton service ^^

  15. Jean Valla dit :

    Ah le beau marronier que voila !
    Éternel retour de comment apprendre, et comment transmettre.
    Juste quelques petits commentaires personnels: le mieux c’est le compagnonnage, un ainé qui prend en charge un plus jeune et qui lui montre comment il fait et ce qu’il sait. Mais pour ça il faut aussi que le courant passe, rien n’est acquis et rien n’est donné. Personnellement, j’opterais volontiers pour la rémunération de l’enseignant en fonction de l’appréciation de ses élèves.
    Ensuite, au début de mon internat un chef m’avait confié « tu sais, tu vas passer cinq ans à regarder et apprendre comment il faut faire, mais moi je te dis, apprends d’abord et surtout comment il ne faut pas faire » c’est a posteriori un excellent conseil. Enfin, on est à l’heure du net, celui de l’enseignement partagé, avec powerpoints, vidéos gratuites, interactivité et j’en passe. Le tout souvent de grande qualité. C’est presque le présent et certainement l’avenir de l’enseignement théorique. L’ enseignant intervenant ensuite pour mettre en relief les points importants, valider ce qui est acquis, corriger ce qui l’est moins. Pourquoi continuer a donner des cours théoriques en amphi alors que le même service peut être assuré a dix fois moins cher par le net ?
    Dernière réflexion, abandonner le système de notation linéaire, juste une évaluation se terminant par apte ou non non apte en fonction des critères définis selon la matière et bien sûr avec motivation des décision.

  16. nfkb (@nfkb) dit :

    un prof qui s’investit vraiment :
    http://www.youtube.com/watch?v=bDRTzmuwMnQ&sns=em
    (^^vous pouvez avancer à 1:18 directement pour passer l’intro)

    • Jean Valla dit :

      Extraordinaires ces Américains ! Belle démonstration de confiance en sa technique.
      On sent l’influence culturelle du dentiste itinérant en chariot qui sillonnait l’Ouest sauvage !
      Mais pas sûr que toutes les spécialités se prêtent avec autant d’entregent à ces démonstrations. On attend les vidéos des Français avec avidité.

  17. Bee happy dit :

    Amusant, plein de réponses très pertinentes. Mais au départ une énorme faute de raisonnement (très fréquente cependant) : SI on est nul, ALORS on peut être nommé prof … la réciproque (SI on a été nommé prof, ALORS on est nul) n’est pas forcément vraie ! Par exemple : Si je suis un homme, ALORS j’ai deux oreilles, est vrai. Mais SI j’ai deux oreilles ALORS je suis un homme … est faux. Vous pouvez donc être (vous êtes probablement) un excellent prof et ne pas avoir été nul pour en arriver là.
    Bon, après la blague classique en école d’ingénieur c’est : si tu es trop mauvais pour travailler comme ingénieur, tu seras professeur. Et ceux qui sont trop mauvais professeurs ? Ils écrivent des livres de pédagogie …

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