La néphrologie suisse dans la tourmente

Le vendredi matin, c’est l’Advance Online Publication de JASN.

JASN est le journal numéro en néphrologie, un incontournable. Dans la livraison du jour, un article inhabituel pour cette revue, le retrait d’un article (retraction). Ce n’est que la deuxième fois que je vois un retrait d’articles dans JASN. Je lis distraitement. Les raisons du retrait sont graves, manipulation d’images et probablement falsification ou création des données. En regardant un peu mieux je m’aperçois que ce n’est pas un mais deux articles qui sont retirés. Sur le site de JASN, les deux articles sont encore accessibles sans notification du fait qu’ils sont retirés. C’est le premier auteur qui assume la responsabilité des fautes. Il s’agit du Dr Pascal Meier. Ce nom me dit quelque chose, comme les deux articles d’ailleurs. Il faut noter qu’il est aussi premier auteur d’un troisième article dans JASN, plus ancien, qui ne semble pas entacher des mêmes stigmates que les précédents.

Je découvre que le Dr Meier était le chef du service de néphrologie du centre vaudois et professeur à Lausanne. Je dis « était « car il a été déchu de son titre de professeur pour des comportements scientifiques jugés non éthique. Je n’ai pas trouvé de documents officiels expliquant cette exclusion universitaire. J’apprends aussi qu’il va quitter la direction du service de Néphrologie de l’hôpital du Valais. La raison de ce départ est la découverte d’anomalies dans la gestion du service de néphrologie. La justice est saisie.

Je ne connaissais pas le Dr Meier, mais je suis triste, triste pour ma spécialité. Il est terrible de découvrir qu’un confrère, médecin, scientifique a trompé sa communauté en produisant de fausses données. L’impact est difficile à mesurer. Le plus terrible est que l’ensemble de son travail scientifique devient sujet à caution, car si il a menti pour publier dans JASN, pourquoi ne l’aurait il pas fait pour passe un article dans cJASN? Je regrette que la notice de retrait ne soit pas plus fournie et ne nous explique pas mieux où est le ou les problèmes. Il est dommage que les instances universitaires suisses ne rendent pas accessibles, facilement, les conclusions de l’enquête qui a conduit à l’exclusion de la faculté de ce médecin à la si belle épreuve de titres et travaux. Pour le versant hospitalier, je comprends mieux le laconisme de l’hôpital, il y a une enquête en cours. Il est amusant de constater, en jouant avec Google, que le Dr Meier s’intéressait beaucoup à la gestion des fonds de sa structure.

Je suis convaincu que le double volet, scientifique et financier, va passionner nos amis de l’excellent retraction watch. Si des lecteurs ont plus d’informations sur cette histoire, ils peuvent nous les faire partager dans les commentaires. Il serait très bien que le Dr Meier s’explique publiquement sur les retraits de ses publications, ne serait ce que pour éviter à de jeunes chercheurs d’être tenter de faire de même.

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