Excellence concentrée française

En lisant cette note de Freakonometrics sur les universités dites d’excellence et leur concentration en région parisienne en France, la première réaction, quand on est provincial comme moi, est « salauds de parisiens qui piquent tout le pognon ».

Une fois dépassé cette réaction clochemerlesque, je m’attarde sur notre faiblesse. Nous sommes au niveau des Pays-Bas en terme de visibilité scientifique des institutions qui devrait être les phares de la recherche, les universités. Dans le monde entier quand vous pensez excellence scientifique aussi bien en terme de recherche que d’enseignement, vous pensez universités, pas en France.

Le vrai problème est là, pas dans la concentration dans une ville (c’est un soucis mais annexe). Ce qui est dramatique, même concentré nous n’avons pas une université dans le top 25. Dans un monde qui aime les classements nous sommes morts. Tant qu’il n’y aura pas une réflexion profonde sur l’importance de respecter les standards internationaux de visibilité avec l’université comme étalon, nous serons mal classé, peu visibles et donc nous n’attirerons pas les moyens aussi bien humains que financiers.

Ceci commence par afficher son appartenance à son université. Je suis toujours choqué par le fait que mes collègues hospitalo-universitaires n’affichent que très rarement les couleurs de leur universités de rattachement. Aux USA, c’est inenvisageable. Plutôt que de pleurnicher sur les méchants parisiens contre les gentils provinciaux, il vaudrait mieux se battre pour qu’il y ait au  moins un champion national dans le top 25. Ceci nous tirera forcément vers le haut. Voir des gens bons autour de soi stimule pour être meilleur.

Il faut une masse critique suffisante pour avoir un effet boule de neige avec des moyens adaptés. Je crois surtout qu’il faut que nous ayons envie de produire de la bonne science. Ça commence par les individus, plus que par les structures.

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5 réponses à Excellence concentrée française

  1. arthur dit :

    entièrement d’accord… moi qui ait une écharpe de l’université d’Amsterdam, un bonnet acheté à l’université Laval à Québec, un tshirt de la KUL de Leuven, et dont les enfants ont des chandails ramenés d’Oxford ou de Stanford…

    A Paris, je suis toujours surpris que sur les centaines de stations de métro, on n’a pas les universités ! tu as « porte Dauphine » pas « université » Paris Dauphine »… A Montréal qui compte 20 fois moins de stations de métro, les 4 universités ont leur station de métro.

    Pareil dans les médias…dans 20 minutes, tu peux lire « selon le professeur xxx de l’université de Sherbrooke » alors qu’en France rares sont les citations des chercheurs, encore plus rares celles de leurs affiliations…

    • PUautomne dit :

      Oui, il n’y a pas de culture université en France par contre grandes écoles pas de soucis, il a fait X ou les mines sortira très vite. Ce n’est pas demain que ça changera, tant que tu appelles des universités nom de ville et un numéro, ça ne peux pas évoluer. Il faut créer une vraie appartenance, ceci n’apparait que si tu veux faire disparaitre l’université, il suffit de voir les réticences pour les fusions ou les restructurations. Par contre dès que la menace a disparu tu vas voir les séminaires des mêmes et ils oublient la structure qui les nourrit.
      C’est très français de cracher dans la soupe ou de mordre la main qui te nourrit, souvent en se trompant de cible.
      Plutôt que de jouer collectif en tirant les gens vers le haut on préfère végéter dans la médiocrité.
      J’aime ceux qui déplore l’absence de reconnaissance des doctorants mais ne citent jamais leur université d’origine… Il faut défendre sa structure. C’est comme dans un sport d’équipe, on peut ne pas être d’accord avec le coach, mais quand on est sur le terrain on joue le jeu à fond sans réfléchir. C’est le meilleur moyen de s’en sortir.

  2. nfkb (@nfkb) dit :

    hello,

    j’ai un copain en Masters à Imperial, il est clair et net que ce classement est dans tous les esprits pour créer ce cercle vertueux que tu suggères.

    Quelles idées as tu pour créer le champion français ?

    • PUautomne dit :

      Si j’avais des solutions, je ne serai pas un petit prof dans une petite fac de province dans un petit pays provincial.
      Je pense que ce qui est important, c’est qu’il y ait des choix politiques clairs avec des objectifs définis et arrêter les injonctions paradoxales.
      On ne peut pas faire de l’enseignement niveau seconde pour essayer de tirer des étudiants qui sont là juste parce qu’il fait chaud et à coté demander aux gens de faire de la recherche top niveau. Trop schizophrénique.
      Il faut que les universités soit les porteurs de l’image science en france et pas que tout soit éclaté. Très compliqué pour un étranger de comprendre les multiples appartenances, un peu d’université, de CHU, d’epst. Il faut faire de l’affichage pour se battre avec les autres, les mecs qui croient que leur petite école dans un coin va survivre se trompent. Il faut des regroupements solides cohérents.
      Il faut que les gens comprennent que le compétiteur n’est pas leur voisin mais une équipe aux USA ou en Asie. Mon compétiteur principal actuellement n’est pas en France ni en Europe mais aux USA et au Japon. Ça n’empêche pas de grands professeurs en France de dire que mon thème de recherche est sans intérêt même si je publie dans les plus gros journaux de la spé. Nous sommes un trop petit pays pour nous déchirer entre nous, ceci permettrait de faire sortir des gros. En France dès que quelques choses marchent, qu’un mec est bon, on préfère lui cracher dessus plutôt que de dire c’est bon et il faut continuer à le soutenir.
      Il faut professionnaliser les structures aussi, ce qui sous entend de payer au niveau les administratifs et les chercheurs. La recherche est un endroit où l’individu compte. Il faut pouvoir garder les gens, arrêter de nous demander de nous battre avec des boulets aux chevilles contre des gazelles.

  3. Marc dit :

    Il faut surtout donner aux étudiants le goût de l’effort et de la recherche. Cela commence au collège et au Lycée: profs absents, matinées entières de cours qui saute, travail à la maison light, année scolaire raccourcie au 15 juin même en seconde, pourtant une classe sans examens…..Et surtout, la recherche et les sciences vues comme des carrières aléatoires, besogneuses, avec des salaires peu attractifs……Il y a du boulot

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