8 Juin 1945, Theresienstadt

Il y a 70 ans, Robert Desnos est mort dans un camp de concentration.

Il allait avoir 45 ans. Cet immense poète français est d’une grande actualité, ne serait ce que pour ses expériences hypnotiques, surréalistes et sa passion de fantomas. Il est comme Char de ces hommes qui ont pris les armes pour lutter contre un véritable péril, pour la liberté. A l’heure où certains pensent être des résistants alors qu’ils ne sont que des matamores. Au moindre risque pour leurs petites vies, ils se rangeraient derrière la bannière du collaborateur. Il est bon de raviver la mémoire des ces grands hommes, poètes devenus guerriers.

« Ce cœur qui haïssait la guerre… »

Ce cœur qui haïssait la guerre voilà qu’il bat pour le combat et la bataille !
Ce cœur qui ne battait qu’au rythme des marées, à celui des saisons, à celui des heures du jour et de la nuit,
Voilà qu’il se gonfle et qu’il envoie dans les veines un sang brûlant de salpêtre et de haine.
Et qu’il mène un tel bruit dans la cervelle que les oreilles en sifflent,
Et qu’il n’est pas possible que ce bruit ne se répande pas dans la ville et la campagne,
Comme le son d’une cloche appelant à l’émeute et au combat.
Écoutez, je l’entends qui me revient renvoyé par les échos.
Mais non, c’est le bruit d’autres cœurs, de millions d’autres cœurs battant comme le mien à travers la France.
Ils battent au même rythme pour la même besogne tous ces cœurs,
Leur bruit est celui de la mer à l’assaut des falaises
Et tout ce sang porte dans des millions de cervelles un même mot d’ordre :
Révolte contre Hitler et mort à ses partisans !
Pourtant ce cœur haïssait la guerre et battait au rythme des saisons,
Mais un seul mot : Liberté a suffi à réveiller les vieilles colères
Et des millions de Français se préparent dans l’ombre à la besogne que l’aube proche leur imposera.
Car ces cœurs qui haïssaient la guerre battaient pour la liberté au rythme même des saisons et des marées,
du jour et de la nuit.

Robert Desnos, 1943 (paru dans L’Honneur des poètes)

Pour mesurer le talent de cet homme si vivant, je vous conseille d’écouter l’excellente émission de François Angelier.

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2 réponses à 8 Juin 1945, Theresienstadt

  1. Dans le même ordre de poème, il y a « Maréchal Ducono » et « Et voici, père Hugo, ton nom sur les murailles… » (qui dénonçai la récupération de Victor Hugo par l’occupant nazi.
    Robert Desnos était aussi un merveilleux poète de l’amour.
    Ses poèmes à Y. sont magnifiques. J’aime tout particulièrement « J’ai tant rêvé de toi… »
    Je vous invite à le lire ou/et l’écouter en suivant ce lien : http://acteur.pf-kettler.fr/2014/09/05/jai-tant-reve-de-toi-desnos/

  2. https://youtu.be/8qYYe43OZWI

    Desnos décrit par Aragon, chanté par Jean Ferrat

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