Le retour des réac, la réduction du temps de travail des internes n’améliore pas le pronostic des patients

Les journaux médicaux américains sont probablement vendus aux méchants mandarins esclavagistes.

Un nouveau travail dans des services de chirurgie (vasculaire, urologie, gynéco, neurochir et orthopédie) ne montre pas d’amélioration du pronostic des patients entre la période précédent la réforme du temps de travail des internes et celle la suivant. Cette étude a été conduite aux USA. Elle est bien faite avec de nombreux contrôles. Elle retrouve des résultats équivalents à deux études du JAMA, qui m’avaient, quand je les avait évoquées, d’être traité de dangereux réactionnaires par le syndicat progressiste des internes. Ce travail ne fait que confirmer les résultats précédents, la littérature sur le sujet est bien reprise dans la discussion de l’article.

La sécurité des patients ne peut pas être prise comme prétexte pour la réduction du temps de travail des internes. Leur bien être personnel est une bonne raison, largement suffisante. Il est évident que d’un coup ça fait moins altruiste et plus corporatiste. Ce n’est pas très original et pas du tout condamnable. Se battre pour son bien être est un vrai et beau combat, les mineurs, les ouvriers l’ont conduit en leur temps, les cheminots régulièrement poursuivent la lutte.

Je conseille la lecture rafraichissante, important le frais en ces temps de fortes chaleurs, des dernières notes de Doc du 16, pour rester dans un sujet assez proche.

 

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5 réponses à Le retour des réac, la réduction du temps de travail des internes n’améliore pas le pronostic des patients

  1. ca dit :

    Je me dis que même si j’en bave au boulot, peut être que (pas sûr) j’ai quand même le droit de vivre le reste du temps (le reste du temps étant plus ou moins court); ou alors faut changer de boulot, mais je ne sais rien faire d’autre. En tous cas, je vais changer de mode d’exercice et quitter le CHU juste après l’assistanat, et pas pour une question de salaire, alors que j’aime beaucoup la proximité des confrères de spé.
    Il y a une violence latente contre les internes qui ne donne que cette envie de se barrer loin: par exemple, les affaires médicales t’expliquent (très) rapidement que le temps de travail des internes a été raccourci à 8 demi journées + 2 de formation (sisi!!! j’ai pas vérifié si ct vrai, de ttes façons, personne ne me croierai^^1 de formation perso et 1 dans le service/CHU) et parallèlement que si tu prends un vendredi de congés et ben, t’as perdu, on te retire deux jours: c’est comme ça, t’es interne^^!!!!! t’es sensé travailler 5 jours, on t’en retire 6 par semaine: c’est NORMAL (la violence est dans le mot). Pour avoir fait de multiples périph’ et autre CHU, le décompte est différent partout. Il y a d’autres détails du même genre qui sont irritants et on passe pour des planqués quand on en évoque un…

  2. Laurent dit :

    Bonjour,
    Pourquoi ne pas avoir intitulé ce billet « la réduction du temps de travail des internes ne dégrade pas le pronostic des patients »? Je lis toujours avec plaisir ce blog et je suis souvent en accord avec ce qui est écrit, notamment sur ce sujet. Malgré mon jeune âge, je crois qu’il faut passer du temps à l’hôpital et « bouffer du malade » comme disait un de mes premiers patrons. Néanmoins, le risque d’épuisement est réel et il faut savoir le prendre en compte. Pour apprendre son métier, il vaut mieux être en forme, parce que c’est un métier exigeant.
    Une donnée intéressante serait de savoir ce que font les internes de ce temps libéré (mais c’est difficilement quantifiable). En regardant mon expérience et les internes du service, j’ai tout de même l’impression que les repos de garde, les jours « off » et autres sont utilisés pour préparer des présentations en staff, travailler sur des sujets de thèse ou des articles, ou faire du travail personnel de lecture et de formation. Je suis persuadé que l’encadrement (c’est à dire nous, les plus vieux) joue un rôle central, et que les internes bossent et apprennent leur métier. A nous de les pousser et motiver, en sachant être exigeant à bon escient.

    • PUautomne dit :

      J’ai pris ce titre car le but de la réforme du temps de travail aux US était de diminuer le risque pour les patients. L’histoire commence dans l’état de NY sur le décès d’un enfant sur une erreur. La volonté affichée était bien d’améliorer la sécurité des patients. Ça ne marche pas du moins en chirurgie. C’est un constat factuel.
      Pour le reste, je comprends la volonté d’améliorer sa qualité de vie, pas de problème.

      • DAILLIERES dit :

        En ce qui me concerne j’ai fait pas mal d’erreurs de prescription lorsque j’était sur-fatigué pendant mon internat. Par ailleurs, ce qui sautait le plus vite aussi en période de fatigue c’était la qualité de la relation médecin-malade qui, même si elle n’a pas de retentissement direct chiffrable sur la morbi-mortalité, semble un élément à prendre en compte dans l’intérêt du patient. 😉

  3. Antoine dit :

    J’aime bien votre note.
    C’est pas hypocrite et ça traduit pas mal ce que je ressens.
    Si j’ai envie de me barrer en lendemain de garde c’est pas pour le bien des patients, c’est parceque j’en ai plein le cul de l’hôpital.
    Et puis j’ai pas bien l’impression de me former quand je bacle tout ce qui me reste à faire pour pouvoir le casser.
    L’autre versant du problème, c’est que là, clairement, la juste mesure n’est pas atteinte dans la loi qui vient d’être faite.
    8 semestre pour apprendre à prendre des décisions c’est trop peu, alors en 48h c’est pas envisageable.
    Plus tu vois de malade, plus tu apprends, et ça restera toujours comme ça. Il ne faut pas chercher plus loin.
    Bref, d’un excès à l’autre on tourne un peu en rond.

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