Une écoute utile pour les soignants

La psychanalyse a mauvaise presse depuis de nombreuses années, en fait depuis le début. Freud est un des penseurs les plus importants du XXé siècle n’en déplaisent à certains. Ses découvertes sont essentielles. En ces moments, où nous sont promis des merveilles des big datas, la psychanalyse a une actualité plus qu’aiguë pour remettre le sujet au centre.

Les nouveaux chemins de la connaissance d’hier sont une très belle illustration de l’importance du message analytique pour les soignants. L’émission parle de l’empathie et de la complexité de la relation soignant-soigné. J’ai le sentiment que la discussion peut s’appliquer à toute la médecine. Trouver la bonne distance, s’adapter à l’autre, conserver un cadre pour bien soigner, ne pas céder sur certains points essentiels. Si Adèle Van Reth voulait faire un procès de la soi disant froideur de l’analyste, les invités ont intelligemment montré et démonté ces fantasmes.

Nous devons apprendre de l’approche analytique car elle place le patient et sa subjectivité au centre de la pratique, mais en conservant un cadre qui assure de ne pas faire n’importe quoi. Je trouve que c’est intéressant car plus complexe que les raccourcis si facilement mis en avant.

La relation soigné-soignant est multidimensionnelle. Chacun a une part de la vérité, il faut juste arriver à faire qu’elles se rencontrent pour trouver l’approche thérapeutique la plus adaptée à la situation. Ceci nécessite de l’empathie, de l’empathie du soignant bien sur mais aussi une forme d’empathie du soigné qui autorise un vrai dialogue pour transformer ce qui peut être vu comme un combat entre médecin et patient en une alliance thérapeutique.

La vraie empathie n’est pas juste de compatir de façon absolue ou de ne chercher qu’à comprendre l’autre. Il s’agit d’une combinaison, d’une tension, d’un équilibre. L’empathie se travaille en tâtonnant, en testant, en se trompant. Il faut juste avoir un peu de réflexivité sur ce qu’on fait, donner du temps à la réflexion. Depuis longtemps, je suis convaincu que la médecine est une science, avec le temps, je découvre que sa pratique est du bricolage ou de l’artisanat, certainement pas de l’art. L’intérêt de ce métier est là, tension, équilibre entre la science et le bricolage en collaboration avec le premier concerné, la personne malade.

Je vous suggère d’écouter attentivement cette très intéressante émission. Pour poursuivre dans le décentrement, écoutez l’entretien avec Yuval Noah Harari d’emmanuel Laurentin, ça vaut le détour.

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Une réponse à Une écoute utile pour les soignants

  1. dr niide (@docteurniide) dit :

    Je partage tout à fait l’importance de l’alliance thérapeutique .
    Je suis plus réservé sur l’empathie du soigné. Bien sur l’alliance nécessite un accord pour un partage accepté et négocié sur son contenu.
    Mais les attentes des deux parties (soignant et soigné) sont différentes.
    Il me semble difficile de parler d’empathie du soigné qui impliquerait que le soigné perçoive la souffrance du soignant qu’il ne faut pas effacer d’un trait dédaigneux. Cette phase est possible, bien sur mais serait inadaptée, l’objet du soin est le soigné, pas le soignant (ce qu’oublie parfois certains soignants). Par contre, attendre du soigné qu’il accompagne le soignant est antinomique de la relation soignant soigné.
    La difficulté tient en fait au deux versants de l’empathie. On peut ressentir de l’empathie, ce qui la place dans le domaine des sentiments, et dans ce cas, le soigné peut avoir de l’empathie.
    On peut aussi exprimer de l’empathie, ce qui la place alors dans le domaine social de la relation.
    Il est d’ailleurs intéressant de s’attarder sur les termes que nous employons.Le soigné est dans un état passif. Utiliser le mot patient le qualifie par la douleur qu’il ressent. Quelque soit le terme employé, celui qui consulte est dans une position de demande, il attend de celui qui est consulté un soulagement. L’empathie n’est elle pas cette capacité du soignant à comprendre le soigné pour construire à 2 une alliance thérapeutique?

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