Où meurent les médecins ?

J’ai lu une intéressante note d’un nouveau blogueur médical. Il y parle de ses raisons de refuser la pratique de l’euthanasie. J’ai trouvé très intéressant sa problématique de prisme pour aborder le sujet. Il est évident que nous devrions nous départir de nous même pour soigner, arriver à sortir de nous, de nos présupposés, préjugés. Nous sommes construits pas notre histoire, nos rencontres, notre relation à la mort, des présupposés religieux, philosophiques. Concernant la mort nous ne sommes pas égaux en expérience. Avoir conscience que nous sommes le fruit d’une histoire complexe est une façon d’arriver à garder une certaine neutralité. J’ai déjà abordé le sujet de l’euthanasie ou de l’arrêt de soins et je suis comme pour pas mal de choses dans un refus de la rigidité légale mais pour la discussion.

pmfr63courrierungererEn lisant la note, je me suis souvenu d’un numéro récent du JAMA sur la mort et de deux articles sur les endroits où meurent les médecins 00005407-201601190-00035 00005407-201601190-00034. Ces deux articles vont dans le même sens, les médecins meurent moins souvent que la population générale à l’hôpital ou dans une institution. Dans un article, l’intensité thérapeutique avant le décès était moins intense que pour la population générale. Il s’agit d’études rétrospectives avec peu de médecins à chaque fois par rapport à la population contrôle (à noter des groupes controles en plus de même niveau socio-économico-culturel), mais les résultats sont là. Les médecins  se laissent probablement moins faire quand ils sentent le vent du boulet. Ils acceptent moins facilement la chirurgie, le passage en réanimation. Ils ont peut être laissé plus de directives anticipées. Les soignants sont peut être moins tenté de les convaincre. Une autre hypothèse est que dans la toute puissance du savoir, ils ne sont pas capables de juger ce qui est bon pour eux et peut être laisse filer trop vite. Ces travaux ne permettent pas de trancher mais ouvrent la porte à des études plus qualitatives du type de celles présentées dans ce remarquable numéro du JAMA.

tumblr_ndjvtoOqSw1qz6f9yo4_500Alors oui, sans aucun doute notre rapport à la camarde est très dépendent de notre angle d’attaque. Être un médecin change, un peu, les choses quand l’heure d’aller manger les pissenlits par la racine approche. Soyons vigilants à ne pas faire passer nos désirs avant les souhaits des patients, surtout quand ils sont médecins et que la projection est facile.

La première image est de Tomy Ungerer pour un magazine, la deuxième vient de là.

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4 réponses à Où meurent les médecins ?

  1. docteurdu16 dit :

    Bonsoir,
    Je suis d’accord avec cela.
    Je ne laisserai pas de directives anticipées car je fais confiance à mon entourage qui connaît mes idées et qui saura faire au mieux pour manager ma fin de vie. Notre mort appartient aussi aux vivants.
    Je ne sais d’ailleurs pas si mes directives anticipées seraient appropriées quand le moment sera venu.
    Pour ce qui est des anti cancéreux, là aussi j’espère avoir assez de clairvoyance pour faire le bon choix, enfin, ce que je penserai être le bon choix.
    Alors… décider pour les autres.
    Je signale un article qui m’avait beaucoup réconforté et qui raconte la fin de vie d’un orthopédiste souffrant d’un cancer du pancréas. http://www.zocalopublicsquare.org/2011/11/30/how-doctors-die/ideas/nexus/
    Merci pour ce texte.

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