ECNi 2017, rien n’a changé

Au lendemain de la fin des ECNi 2017, décalée d’une journée, en raison de l’obligation de faire repasser deux blocs de six dossiers aux étudiants en raison de petits soucis dans le choix de deux dossiers soumis aux étudiants, j’avais envie de faire une petite note.

Comme je fais parti de la caste des quiches,

j’ai eu un comportement de quiches. Dans le cas particulier une quiche est un PU-PH qui soumet pour être intégré dans la banque de dossier, un dossier qu’il a déjà posé à ses étudiants. Une pratique vieille comme l’ECN ou l’internat. En 1993, un dossier avait été annulé pour cette raison, officiellement car il était hors sujet, en fait il avait déjà été posé et accessible dans certaines annales, il s’agissait d’une cryoglobulinémie. J’ai beaucoup regretté son annulation. Quand nous avions une épreuve de QCM, il n’était pas rare de retrouver des QCM tout droit sorties des annales. Ce n’était pas très grave car tout le monde bossait sur les mêmes annales.

Ici, le sujet est plus problématique car ce brave enseignant n’avait pas rendu son sujet accessible à tous les étudiants de France et de Navarre mais uniquement à ceux de sa faculté. Ce problème ne se poserait pas si tous les dossiers d’entrainement déposés dans feu SIDES étaient accessibles à tous les étudiants sans distinction. La deuxième épreuve a été annulée en raison de la présence d’un dossier déjà posé à un ECN blanc en 2016. Là aussi si il y avait un dépôt des sujets déjà posés dans une base accessible à tous, ce genre de gags ne surviendrait pas.

Revenons à mon comportement de quiche, c’est celui d’un grand fainéant qui ne s’est pas cassé la tête en soumettant à la banque nationale de questions. D’ailleurs comment c’est géré cette banque nationale? Il faut voir le texte fondateur de l’ECNi.

ANNEXE
GESTION DE LA BANQUE NATIONALE DE QUESTIONS TIRAGE AU SORT DES DOSSIERS – RÉDACTION DES QUESTIONS

Conformément à l’arrêté du 25 septembre 2008, une banque nationale de questions des épreuves classantes nationales est constituée par le conseil scientifique en médecine placé auprès du ministère en charge de l’enseignement supérieur. Cette banque nationale de questions comprend des dossiers cliniques progressifs, des questions isolées à choix multiple rédigées à partir des 11 unités d’enseignement transdisciplinaires et des 362 items définis au III de l’arrêté du 8 avril 2013 susvisé et des articles scientifiques.
La constitution de cette banque nationale est assurée par les membres du conseil scientifique en médecine qui élaborent les questions des ECN, en faisant appel, en tant que de besoin, à des experts dont les compétences couvrent le programme mentionné au précédent alinéa.
Chaque année, le président du conseil scientifique en médecine fait tirer au sort :

– dix-huit dossiers progressifs cliniques ainsi qu’au moins douze dossiers de réserve ;
– cent vingt questions isolées et cent-vingt questions de réserve ;
– les deux sujets correspondant à l’épreuve de lecture critique de deux articles scientifiques et de deux sujets de réserve.

La banque est constitué par le conseil scientifique en médecine, mais qui est le conseil scientifique en médecine? Car finalement ceux sont eux les responsables du fiasco, car ils créent la base de données des sujets et doivent vérifier la pertinence des sujets tirés au sort. La responsabilité de ce jour supplémentaire repose sur son président, le pauvre. La composition de ce conseil est donné là.

– Pierre Ambrosi, professeur des universités-praticien hospitalier à l’université Aix-Marseille-II
– Philippe Chaffanjon, professeur des universités-praticien hospitalier à l’université de Grenoble
– Didier Dreyfuss, professeur des universités-praticien hospitalier à l’université Paris-VII
– Damien Jolly, professeur des universités-praticien hospitalier à l’université de Reims
– Claire Le Jeunne, professeure des universités-praticien hospitalier à l’université Paris-V
– Gérard Lorette, professeur des universités-praticien hospitalier à l’université de Tours
– Laurent Obert, professeur des université-praticien hospitalier à l’université de Besançon
– Jean-Michel Rogez, professeur des université-praticien hospitalier à l’université de Nantes

Il y a eu un changement en 2013.

Jean-Paul Romanet, professeur des universités-praticien hospitalier à l’université de Grenoble, est nommé membre du conseil scientifique en médecine, à compter du 29 août 2013, en remplacement du professeur Jean-Michel Rogez

Les membres sont nommés pour 4 ans. Je n’ai pas trouvé de nouvelle liste, juste une prorogation jusqu’en janvier 2017. Ce qui veux dire sous réserve, du fait que j’ai peut être raté un texte, que la composition est la même depuis 2012 et ceci de façon illégale car la prorogation ne va que jusqu’en janvier 2017. Si vous avez d’autres références je suis preneur. Si ceci se confirme, de la responsabilité du conseil scientifique on passe à celle du ministère. La chaine de responsabilité devient très intéressante…

Revenons à mes moutons, comme une bonne quiche de PU-PH fainéant, je me souvenais vaguement avoir écrit une note sur le fiasco des ECN 2011, et oui déjà, tous le monde avait juré plus jamais ça… Je suis allé la relire. J’ai bien fait. Je n’ai rien à ajouter de plus 6 ans plus tard, à mon grand désespoir.

Je le redis encore une fois, cet échec est un un échec collectif de la communauté hospitalo-universitaire française. Nous portons tous une part de responsabilité par notre engagement insuffisant dans l’enseignement et dans la rédaction des sujets. Je bats bien volontiers ma coulpe. Je n’ai rien déposé dans SIDES comme dossiers progressifs. Si on me demande dans les conditions actuelles de faire des dossiers pour la base nationale, je refuserai. Je n’aime pas les QCMs, je n’aime pas cette vision dichotomique de la vérité médicale, vrai/faux alors que le raisonnement est plus complexe. On pourra me dire ce que l’on veut mais pour être d’une génération qui a bouffé du QCMs, je ne crois pas que le modelage de l’apprentissage pour y répondre soit d’une grande utilité pratique au lit du malade. Je ne demande qu’à être convaincu de la pertinence de ce modèle docimologique, mais avec des données, pas des raisonnements fumeux. Je vous rappelle cette petite note sur une éventuelle corrélation compétence clinique/classement à l’ECN.

Encore une fois, collectivement, nous devons revoir l’accès au 3é cycle des études médicales, le sens d’une usine à gaz qui n’évalue jamais les compétences cliniques. Les propositions faites par la conférence des doyens me parait une bonne base de travail.

A titre personnel, je présent mes excuses aux étudiants de DFASM3 qui ont du composer une journée de plus. J’espère que ceci ne se reproduira plus.

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10 réponses à ECNi 2017, rien n’a changé

  1. GéluleMD dit :

    Je te rejoins sur la dichotomie imposée par les QCMs. Est-ce que tu ferais plus volontiers des TCS quand ils seront mis en place?

    • PUautomne dit :

      Ils ne seront jamais mis en place, trop compliqué à faire pour que ce soit bien fait et surtout pas complétement adapté au deuxième cycle dans ce que j’ai vu. Il faudra un sacré niveau de formation pour bien les faire et pour que ce soit pas des pseudoTCS. On verra. Je suis pour une évaluation des compétences cliniques des futurs internes. Combien d’étudiants voyons nous arriver qui manifestement n’ont pas assez interrogé et examiné de patients.

      • nfkb (@nfkb) dit :

        Comment évaluer cliniquement tout le monde ? ou plutôt comment reventiler les évaluations locales dans un classement national ?

        Moi aussi je suis pour plus d’évaluation de la communication et de la clinique et je veux bien m’asseoir sur les soupçons de favoritisme ou que-sais-je tellement je pense qu’ils seraient super minoritaires

        Mais pour avoir participé à des jurys d’évaluation pour l’école d’infirmiers anesthésistes, nous avons péniblement vu 20 candidats par jour, et c’est très éprouvant, alors je me demande la faisabilité, avais tu déjà écrit des propositions ?

        (PS j’aime bcp tes points de suspensions après « intéressante »)

  2. Hemolok dit :

    Interne – Conférencier, ex tuteur pour les Paces, j’ai toujours fait et fait faire des QCM. Se réfugier derrière cet argument dichotomique n’est que trop facile. Car sinon, tous les QCM seraient « facile ».

    Faire un dossier progressif n’est en rien compliqué. C’est juste prenant. Il me faut entre 7 et 10h pour rédiger un DP de 15 questions.
    Parce que, pour rédiger un DP, pour l’ecn, en théorie, il faut Le faire avec Le référentiel sous les yeux. Et non avec un cas clinique de sa tete.

    Je pense que les meilleures personnes actuellement pour faire faire des QCM de l’ECN sont les internes de la promo 2016. Que bien sûr, on n’écoute pas, car trop jeunes …

    Quant aux tCs c’est de la merde : répondre « problable peu probable très peu probable » comment juger ? Genre dans la « vraie vie » cest comme ca…

    • PUautomne dit :

      Merci pour ce commentaire tout en nuance. Je suis d’accord pour dire que ceux qui connaissent le mieux le programme de l’ECN sont les étudiants qui viennent de le passer, c’est rassurant d’ailleurs. Juste il faut revenir sur le sens de l’ECN, l’objectif n’est en aucun cas d’évaluer les compétences, mais de classer les gens. Nous avons souvent tendance à oublier ça. On évalue sur des critères qui sont très discutables, à mon avis, avec un outil qui est aussi discutable. Le QCM restent la façon la plus simple et économique de classer vite de grandes quantités de personnes. Ils font assez bien ce qu’on leur demande, mais qu’on vienne me dire que c’est un outil formidable pour apprendre le métier de médecin,j’ai un peu de mal à l’entendre. Mais bon je ne suis qu’un pauvre clinicien de base attacher à l’interrogatoire, à l’histoire de la maladie, à l’examen clinique et aimant bien discuter avec les patients. QUe des trucs de has been.

  3. dsl dit :

    TCS Tests de concordance de script ! je connaissais pas.
    La clinique c’est bien, mais il y a des limites, et sans doute une façon de l’utiliser qui manque de rationalité. Je pense par exemple aux femmes victimes d’infarctus et sous diagnostiquées en raison de symptômes atypiques, je pense aussi au fait que les individus ont sans doute tendance à consulter plus rapidement, et donc les tableaux les plus fréquemment vus en cabinet sont rarement ceux des livres et des références séculaires. Bref associer la clinique avec l’approche scientifique, statistique, me paraîtrait une alternative intéressante.

  4. marvinjdc dit :

    Non sans mal, j’ai retrouvé la composition du conseil scientifique actuel qui a été publié… le jour des épreuves bis
    http://www.enseignementsup-recherche.gouv.fr/pid20536/bulletin-officiel.html?cid_bo=117754&cbo=1

  5. Ping : Faire un diagnostic? La clinique, encore et toujours | PerrUche en Automne

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