Pas d’AINS pour traiter les cystites

Je n’aime pas les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS).

Il existe une vraie passion pour ces médicaments qui je le reconnais peuvent de temps en temps rendre service (colique néphrétique). Comme néphrologue de CHU, j’ai toujours vu des catastrophes avec l’utilisation des AINS dans les pyélonéphrites. Je déconseille depuis toujours l’utilisation de ces molécules dans le traitement des infections urinaires même basses. La littérature médicale vient conforter ma position.

Deux essais randomisés comparant AINS et antibiotiques sur l’amélioration des symptômes (guérison clinique) ont été publiés.

Le premier paru en 2015 (494 femmes ibuprofene contre fosfomycine) montre que l’AINS est inférieur à l’antibiotique pour améliorer les symptômes. Il y avait une augmentation du risque (non significatif) de faire une pyélonéphrite (5 événements dans le groupe AINS contre 1 dans le groupe ATB).

Le deuxième vient d’être publié dans le BMJ (253 femmes diclofenac contre norfloxacine). L’AINS est encore inférieur à l’antibiotique pour améliorer les symptômes en trois jours et surtout, il y a cette fois ci une augmentation significative du risque de présenter une pyélonéphrite pour les femmes prenant l’AINS contre celle prenant un antibiotique (6 contre 0, soit 5% des patientes prenant l’AINS on fait une infection du rein avec un p à 0,03). Le seul intérêt est de prescrire moins d’antibiotiques dans le groupe AINS. Je ne suis pas convaincu que le jeu en vaille la chandelle. D’autant plus que dans les essais comparant antibiotique à placebo, le risque de pyélonéphrite est augmenté mais de façon non significative dans le groupe placebo, 0,4 à 2,6%, loin des 5% des suisses.

En pratique, je suis convaincu qu’il ne faut pas donner d’AINS pour traiter une cystite. Si on ne veut pas prescrire ou prendre d’antibiotiques pour traiter cette affection bénigne mais gênante, des antalgiques simples comme le paracetamol, l’augmentation de l’apport hydrique et la patience suffiront. Personnellement, je prescris de la fosfomycine. Par contre je rappelle qu’il est inutile de traiter les bactériuries asymptomatiques sauf chez les femmes enceintes et les personnes devant avoir une intervention sur l’appareil urinaire.

 

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2 réponses à Pas d’AINS pour traiter les cystites

  1. Umberto Ucelli dit :

    Quand j’ai vu l’article du BMJ j’ai trouvé que c’était une drôle d’idée. Traiter une inflammation infectieuse par un anti-inflammatoire c’est de toute façon aussi une drôle d’idée. Sauf cas particulier.
    La Norfloxacine comme choix du comparateur est aussi une drôle d’idée vu les effets secondaires possibles, la «  Black box »de la FDA notamment. Les recommandations françaises SPILF préconisent en premier choix autre chose et notamment la fosfocine.

  2. Sybille dit :

    J’ignore quand éclatera le « scandale des AINS » mais suis sûre qu’il existe. Je les ai tous arrêtés (même les Super-nouveau-ça vient de sortir-promis celui-là marchera) en bloc il y a 15 ans, après une fréquentation assidue pour cause de prescriptions PR sévère et un début d’ulcère, à 43kg toute habillée – impossible de manger. Inutilité totale à tous égards, effets secondaires désastreux.

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