Oublier pour penser

« Il ne peut rien oublier, alors il ne peut pas penser, car pour penser il faut généraliser, il faut oublier. »

Jorge Luis Borges

Cette citation est extraite d’une « Compagnie des auteurs » où on entend une interview du maitre argentin (minute 10). Il parle bien sur de Funes. J’aime beaucoup Borges. Funes est une nouvelle fascinante qu’il faut absolument lire. J’ai relu après l’émission Deutsches Requiem, j’avais oublié à quel point c’est un précurseur dans l’écriture, un des premiers à se mettre dans la tête d’un bourreau nazi.

Cette citation m’a évoqué l’internet avec sa terrible/merveilleuse mémoire qui semble infinie. Si nous n’oublions rien nous ne pouvons pas penser, je trouve que c’est d’une grande profondeur. C’est vertigineux. Notre obsession de la mémoire est un frein à la pensée. Pour Funes c’est l’absence d’oubli des choses insignifiantes qui le tue. Le signal noyé dans le bruit empêche de penser.  Pour nous, c’est, peut être, l’incapacité à oublier l’émotion que nous mettons dans l’acte mémoriel qui nous empêche de penser, la réactivation permanente de l’émotion, voir l’injonction à l’émotion des politiques mémorielles est un frein à la pensée qui est obscurcie par ce trop plein de mémoire.

Et pourtant, le fait que cette parole borgésienne ne se soit pas perdue grâce à la mémoire audiovisuelle et me permette de penser, n’est ce pas que garder est important. Borgès est un grand penseur de notre modernité. Je crois sa lecture indispensable pour comprendre notre monde.

Internet reste un des outils les plus cools jamais inventé pour découvrir de la musique, un petit exemple avec ce top ten, je n’en connaissais aucun et franchement c’est pas mal.

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Une réponse à Oublier pour penser

  1. yves adenis dit :

    Effectivement, un ordinateur ou un programme informatique que l’on appelle abusivement IA pour tromper le commun des mortel, ne présente aucune intelligence. Il ne sait faire que des calculs avec des formules qu’on lui a données, et qu’il met en action à la demande. Si la formule n’a pas été prévue à l’avance, il est incapable de répondre. Face à un patient qui présente un nouveau problème, je vais me renseigner à gauche et à droite (ce que ne fera jamais un programme informatique, la seule chose qu’il sait faire c’est comparer une donnée à une autre, puis faire le calcul qu’on lui demande), pour trouver une information intéressante qui me permettra peut être de trouver la solution. C’est moi qui vais mettre en relation mon patient avec ces nouvelles données. Pour que l’ordinateur puisse le faire, il faudrait que j’appelle l’informaticien, et lui demander de me calculer une formule pour trouver la solution que je recherche : mais pour vérifier si sa formule est bonne il faut que je lui donne la solution avant….
    Ceci, on peut le constater tous les jours ; quand on a un problème avec un organisme informatisé, si votre cas précis n’est pas prévu (en cas d’erreur de saisie par exemple, car il faudrait prévoir des formules qui recalculent tout en imaginant touts les erreurs possibles ), il n’y aura jamais de solution en provenance de cet organisme car les petites mains font toute confiance aveugle à Big Data du patron ; on ne leur demande plus de réfléchir, on leur demande de pianoter comme des Shadock… pour pomper dans les poches des mortels.
    Effectivement sur google and Co, quand on fait une requête (même avec une erreur), on obtient des millions de résultats (l’obésité est aussi un grave problème de big-data) pour émerveiller les foules. Le problème, c’est que face à un patient, il ne faut qu’une réponse, et la bonne. C’est la pensée humaine qui fait toute la différence.

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