L’honneur du service public

France culture s’est lancée dans le podcast natif avec l’excellent « Superfail » hebdomadaire  de Guillaume Erner, j’avais écouté avec bonheur et jubilation le drôle, décalé et franchement intelligent « Hasta Dente ». Quand j’ai découvert sur Twitter l’arrivée d’un documentaire en podcast, je me suis dit, intéressant. J’ai écouté l’ensemble du documentaire avant d’en parler. Je fais une note car je veux absolument entendre la saison deux. Le titre « Ma fille sous influence », le sujet, la vie d’une famille après la conversion à  l’islam radical de leur fille, le résultat, une immense claque dans la gueule et une prise de conscience des risques à laisser proliférer un message religieux aliénant.

Il faut absolument écouter l’ensemble des épisodes avant de juger pour mesurer la qualité du travail. La prise de recul des journalistes vis à vis de tous les clichés, du prêt à penser générer par le sujet est importante. C’est passionnant et glaçant. Tout parent qui écoutera ces témoignages sera terrorisé. Le quotidien d’une famille banale bascule avec la captation de leur fille par un mouvement sectaire. Ici on nous raconte un islam radical, mais les mots, l’histoire, les peurs, la perte de confiance, la manipulation décrites ici seraient les mêmes avec tout mouvement sectaire religieux, politique ou toute conduite addictive. Le quotidien de la famille ressemble au quotidien des familles avec un enfant devenu toxicomane, le mensonge, la dissimulation et la perte de confiance. Ce moment où on ne reconnait plus son enfant, où il devient un étranger radical et pourtant on l’aime encore et toujours, malgré tout. C’est terrible.

Le salafisme est une secte comme une autre, elle conduit dans ses formes les plus radicales à la mort, comme certaines sectes végétaliennes qui promeuvent le jeun, comme les sectes antivax qui conduisent à voir des enfants mourir du tétanos. Ici c’est le djihad qui conduit à la fin. Il n’y a ni paradis ni enfer, juste la mort au terme de ce chemin dramatique. Il est indispensable de lutter contre toutes ces dérives sectaires quelque soit la religion ou la philosophie qui les inspirent. Je ne peux que conseiller la lecture du petit livre d’umberto Eco dont j’avais fait la recension. On retrouve toutes les caractéristiques d’un proto-fascisme dans ces mouvements.

Ce qui est très intéressant dans ce documentaire, c’est que tout est sujet à réflexion, discussion, le rôle et l’attitude des différents protagonistes, l’absence de prise de conscience des pouvoirs publics, l’apparition des spécialistes du mouvement, etc. La réaction du père est typique. La peur d’être traité d’islamophobe, alors qu’ici on ne parle pas d’Islam, mais juste d’une secte. Ce n’est pas en lisant le coran qu’on peut lutter contre eux mais juste en les reconnaissant comme des systèmes totalitaires et en interdisant ces mouvements. Il y a un énorme travail de prévention qui passe par l’éducation. Nous devons  introduire un enseignement religieux à l’école publique française adossé à un enseignement des sciences (biologie, philosophie, histoire). C’est en nous battant avec les outils de la rationalité que nous pourrons éviter ces histoires dramatiques.

Le témoignage des mères est juste bouleversant, je pense à elles, à leurs vies, à leurs interrogations, leurs peurs et j’ai les larmes aux yeux. Difficile de ne pas s’identifier quand on a quatre filles…

Écoutez ce podcast, diffusez le, discutez en autour de vous.

Merci à France Culture pour ce journalisme de très bonne qualité.

Ce podcast m’a fait forcément penser à une lecture récente, Evangelia de David Toscana. Le propos est simple et iconoclaste, le premier enfant de Marie, n’est pas un garçon mais une fille, Emmanuelle. Toscana à partir de ce principe de départ revisite les évangiles d’une façon drôle et réaliste. A travers cette remarquable fiction, il montre comment nous n’avons pas  bougé dans nos représentation mentales depuis 2000 ans avec cette forte envie de laisser les femmes à la cuisine et une obsession de l’impureté. Cette lecture est vraiment troublante quand elle entre en résonance avec l’histoire d’Emma et de sa famille, qui est pur, qui est impur. Forcément je vous conseille la lecture de Toscana, l’écrivain mexicain le plus brillant de sa génération. Avec Emmanuelle à  travers la Palestine vous rirez, vous tremblerez et vous réfléchirez sur le sens de la religion et plus important sur la littérature.

Qui osera faire Corana? Ceci serait salutaire.

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Une réponse à L’honneur du service public

  1. rémi nfkb dit :

    Merci pour la note ça donne envie d’ecouter !
    Lorsque j’etais en 4ème nous avions eu des topos sur les sectes, je ne me souviens plus de ce que j’avais compris à l’époque mais des messages ont du passer

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