« W ou le souvenir d’enfance » de Georges Perec

J’aime bien être en vacances car j’ai du temps pour lire.

CdS_baltrumQuatre livres m’ont accompagné pour ces quelques jours en Allemagne. J’ai pris du plaisir dans l’immersion littéraire comme toujours. Hier en rentrant, j’avais fini l’excellent « Même pas mort » de Jaworski. J’ai choisi deux livres dans ma pile de tsundoku, pour finir la semaine. Et puis dans un autre amas, je vois en haut de la pile un W. Je m’approche je prends l’objet et je m’aperçois qu’il s’agit d’une lecture critique du livre de Perec. Je la referme aussitôt. L’envie de lire ce W m’a saisi. Je devais lire ça. Je l’ai rapidement trouvé. J’ai commencé la lecture pour la finir aujourd’hui, le 8 mai 2015. Il n’y a pas de hasard dans la vie.

Je suis un amoureux de Perec, j’aime sa littérature, ses mots croisés, ces jeux. Je lis au compte goutte ses œuvres car je sais que sinon je ne pourrais plus rien faire d’autres. W m’attendait depuis longtemps. Je ne savais pas de quoi il parlait. Je ne vous raconterai rien car ce serait vraiment vous gâcher le choc littéraire.

Il s’agit d’un chef d’œuvre. Je n’avais pas été bouleversé à ce point par un texte depuis longtemps. Il fait écho à des choses autour desquelles je tourne depuis quelques temps. Si vous pensez que l’inconscient n’existe pas, si vous pensez que Freud et la psychanalyse c’est du vent, premièrement, vous vous trompez, deuxièmement, lisez W et vous comprendrez.

La puissance de l’esprit pour déplacer, limiter la souffrance, mais finalement la faire ressortir d’une autre façon, car on n’est jamais indemne lors d’un deuil, est prodigieuse. On refoule, on refoule et ça finit toujours par déborder. Refuser de se coltiner avec ses fantômes est une erreur, une terrible erreur. Ne pas parler des morts, de la souffrance de leurs absences est une grande connerie. Ne pas se pencher sur sa généalogie et son impact sur nous et ridicule, on veut échapper à une douleur pour en découvrir une bien pire, plus tard au moment où on est le plus fragile et la souffrance est décuplée.

« W ou le souvenir d’enfance » est un monde, celui de l’inconscient. Affronter la perte des êtres aimés, quand il n’y a pas de mots mis dessus, entraine des traumatismes terribles. Le travail douloureux d’affronter nos terreurs est essentiel pour aller mieux. Plus les années passent plus je mesure à quel point Freud est un penseur essentiel.

W est un choc, il faut le lire d’une traite pour rester sous tension. Tension de cette double narration s’enchevêtrant, tension du sport, tension de la fuite, tension de la quête des origines, tension de la recherche de son histoire. Nous ne passons peut être notre vie qu’à ça, reconstituer notre histoire, à travers nos souvenirs et nos rêves.

Le génie de Perec est d’arriver à faire de son histoire singulière une œuvre majeure et qui parle à tous.

Je suis ébloui par le talent de Perec. Alors lisez W.

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2 réponses à « W ou le souvenir d’enfance » de Georges Perec

  1. dsl dit :

    J’aime bien Perec aussi, je l’avais vu dans une émission expliquer avec passion la méthode qu’il avait utilisé pour écrire son roman, La vie mode d’emploi. J’ai parcouru avec plaisir, un recueil de poèmes : Beaux présents, belles absentes, là encore fondé sur l’utilisation de contraintes formelles caractéristiques de l’Oulipo.
    J’ai lu les Choses il y a plusieurs années, il ne m’en reste peu, une ambiance, une absence.

  2. nfkb (@nfkb) dit :

    ton billet aura eu le mérite de me le faire lire 🙂 merci

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