Correction du PACES

Comme bizut ou rookie, j’ai eu le bonheur de participer à la correction de la seule épreuve rédactionnelle du PACES dans ma faculté préférée. Nous étions une petite trentaine réunis pour cet exercice. Il y a une double correction. Plus de trois  points d’écarts et nous relisons la copie ensemble pour une correction consensuelle. J’ai corrigé au total 150 copies et seulement 7 différences significatives avec mon binôme.

La grille de correction était claire et simple à appliquer. La question était pour moi un mystère. Je sais maintenant ce qu’est la responsabilité administrative. Je suis content.

Certains étudiants ne savent rien. Ils se divisent en trois groupes.

  1. Les gentils: ils rendent une copie vierge. On met 0 et c’est fini.
  2. Les emmerdeurs: ils ne savent rien, le savent, mais ils s’acharnent à remplir la copie d’un vide pire que la feuille blanche. Reconnaitre son ignorance est un premier pas vers la sagesse. C’est très énervant. Il faut bien lire la copie jusqu’au bout au cas où il trainerait quelques mots-clés permettant de mettre un 3 ou 5/20.
  3. Les sympathiques, ils ne savent rien, s’ennuient et écrivent des explications sur leur impossibilité de répondre à la question. C’est amusant et ça brise la monotonie.

Ceux qui savent, savent très bien (le 19/20 est fréquent). Vous avez rapidement l’impression de lire toujours la même copie. La correction demande de la concentration pour identifier les oublis. C’est une importante responsabilité qui nous est donné. La double correction est une vraie sécurité pour l’étudiant et le correcteur.

Même si les notes sont excellentes, on sent bien que nombreux sont ceux qui n’ont pas compris la notion qu’on a voulu leur transmettre. L’obsession du concours et des mots clefs tuent l’appropriation du sens. C’est dommage. Rien que pour ça, il faut changer ce concours d’entrée dans les études médicales.

J’ai noté quelques perles du groupes des sympathiques:

« Ne connaissant pas la réponse à cette question, je ne peux formuler aucune phrase correcte. Je vous souhaite bonne continuation dans la suite de vos corrections. »

Version courte

« Je suis désolé je ne me souviens plus du texte. »

Rugbyman

« Merci quand même, mais je ne me souviens de rien, P1 tu n’as aucune chance mais saisit là. »

Réaliste, n’aimant pas souffrir et fayot.

« Connaissant mon classement au premier quad, je n’ai pas souhaité me torturer plus que ça! A l’année prochaine, cher correcteur et vive les sciences humaines »

S’ennuyant

« Enfin bref je ne sais rien du tout et le temps ne passe pas… »

Un échantillon d’emmerdeurs:

La copie est un long charabia reprenant deux ou trois fois le sujet sous différentes formes et à la fin, un éclair de lucidité.

« Quel bluff !! »

Sur de lui, mais 0/20 à la copie

« La responsabilité administrative n’est en principe pas possible car on attrape pas une maladie à cause de bout de papiers »

Soviétique

« L’administration se doit d’être d’une très grande rigorousité »

Idéaliste

« Les patients sont responsables de leur propre santé. »

Je finirai par quelques conseils pour la présentation. Le but est de mettre le correcteur dans un état d’esprit favorable pour votre copie. Il doit avoir envie de vous lire, alors qu’il aimerait être ailleurs.

  1. Écrire gros et de façon lisible. C’est insupportable d’avoir un doute sur un mot clé. Vous braquez le correcteur.
  2. Faites des phrases claires. La grille de correction est faite de phrases avec des mots clés. Il est important d’aider le correcteur à retrouver les mots clés.
  3. Faites des paragraphes. C’est insupportable d’avoir une liste de trois items à la suite sans retour à la ligne.
  4. De la précision. Avec des mots clés, les mots ont un sens.
  5. Ne brodez pas, soyez concis. Recherchez des mots clefs dans un fouillis de blabla est vite épuisant.

J’ai finalement bien aimé cet exercice, j’espère malgré tout y échapper l’année prochaine.

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18 réponses à Correction du PACES

  1. Kyra dit :

    et dire que j’exerce le métier de médecin depuis 30 ans sans savoir vraiment ce qu’est la responsabilité administrative …
    tu nous fait un résumé, ou on peut continuer à vivre comme ça?

    • PUautomne dit :

      C’est l’équivalent de la responsabilité civile pour le médecin qui travaille en service public. L’article dans wikipedia est très bien fait. Le point probablement le plus important et qu’il n’y a pas de relation contractuel entre le patient et le médecin hospitalier.

  2. doudou dit :

    L’épreuve atteint le comble de l imbecilite merci Kouchner!j ai fait réviser ma fille Canguihlem ou Jung en 1 page…

    • PUautomne dit :

      Je suis bien d’accord. Il est dommage d’adosser un concours à des éléments aussi important de la culture médicale. Ils sont au mieux oubliés au pire ils dégoutent les étudiants de ces questions en ne pensant qu’elles ne concernent que des questions d’examens. Le format des réponses ne favorisent pas la liberté que ces questions doivent soulever. C’est malheureux. Il faut changer le format d’entrée en médecine, je radote.

  3. Arvel dit :

    Bonjour,

    Alors là, comme ça, je sais dans quelle fac vous avez fait ces correction. A vrai dire, le sujet me dit vaguement quelque chose. La première phrase devait donner « C’est le cadre général de l’exercice du médecin en secteur public » non ? On y est =D

    Merci pour ce témoignage qui va certainement éclairer beaucoup de PACES dans la dite ville.
    Je suis d’accord, ce mode de sélection est atroce. Par contre, vous qui avez le point de vu du correcteur, je vais vous donner le point de vu de l’élève.

    Depuis des années que cette épreuve existe, il existe une certaine appréhension. Tout le monde achète un super stylo-feutre ultra fin (0,05 en général) afin de faire rentrer des textes absolument insortable et qui font 3 fois la longueur imposée. Ecrire petit devient une obsession afin que chaque texte rentre. Pas évident de doser chaque texte 😉

    En suite, ce qui est quand même terrible, c’est que la correction se fasse avec des GRILLES de mots clés. C’est à dire que si l’élève a compris le texte, mais qu’il ne trouve pas le mot exact, il n’a pas les points (?). C’est assez ridicule non ?

    Enfin bref, merci pour votre témoignage et à bientôt !
    (Si je dis tout plein de choses gentilles sur vous, il est possible de retrouver ma copie et d’y rajouter des points ? Non ? Vraiment ? =( )

    • PUautomne dit :

      Si ça peut aider, tant mieux.
      La longueur est la bonne pour ressortir tout le texte attendu.
      Il ne peut y avoir qu’une stratégie mot clé pour corriger de façon reproductible le nombre assez important des copies.
      Pour la dernière proposition, ce serait casser l’équité du concours si chère aux syndicats d’étudiants en médecine 😉

  4. doudou dit :

    hors sujet pas de nephro a l ecn cette année dommage bonne matière pour la sélection intelligente

    • PUautomne dit :

      Je pense qu’on peut aussi faire des dossiers pas très futés en néphro. Cette année c’est manifestement parti pour être assez sélectif.

  5. Chantal dit :

    Votre note, me fais repenser aux examens fin d’année en droit. Je suis plutôt abonnée aux hors sujet en droit! Puis, un jour, j’ai cerner le problème mais pas comment répondre et pour pas enquiquiner le correcteur avec du bla bla , j’ai rendu une copie blanche. Je n’ai pas été noté (0/20) mais marqué absent à l’épreuve. Donc, j’y étais et sans l’être, pas mal non plus.
    Je ne sais pas pour qui c’est pire le moment des épreuves: les étudiants ou les correcteurs / examinateurs….

    Bonne soirée

  6. Matthieu dit :

    +1 à tout ce qu’à dit Arvel ^^

    Si vous avez vu passer une copie avec les 2 ou 3 premières lignes raturées, un étoile avec renvoie en bas* qui vous a donné envie de la déchirer et de lui mettre 0 : Je suis DÉSOLÉ !!! (bouhouhouhou…).

    J’ai voulu réécrire le texte en entier mais non, pas assez de temps : le stress avec la main pleine de sueur et l’écriture en pattes de mouches n’aident pas beaucoup… Ah et puis elle était à moitié pliée aussi, la faute à un malentendu avec la surveillante qui a failli me la déchirer.

    Enfin tout ça pour dire que derrière une copie pas super agréable à corriger, surtout à 19h quand c’est la 147ème, il y a un pauvre petit étudiant qui a tout fait pour rendre le travail agréable à son correcteur (et avoir la meilleure note possible accessoirement…). Enfin bon, il n’y a que 5% de chances pour que vous ayez eu ma copie ^^

    *oui comme ça.

  7. fanfan dit :

    Probablement l’un des moyens de sélection les plus con jamais inventé…intéressant de voir la science hu du point de vue du correcteur.

    • PUautomne dit :

      Aucun moyen de sélection n’est très intelligent. Il fonctionne finalement pas trop mal pour son but qui est de limiter l’accès aux études médicales. Je pense qu’il faut changer les modalités d’accès clairement. La mise en place d’une licence sciences de la vie-santé est une piste intéressante.

      • Picorna dit :

        La licence sciences de la vie-santé changerait-elle vraiment la donne. Comme dit plus haut, à partir du moment où le nombre de copies est important, le système des mots clés apparaît… En tout cas dans les matières scientifiques…

        Ce que j’ai toujours trouvé navrant, c’est que même les QCM sont construits non pas pour savoir si l’étudiant a acquis la connaissance et la compréhension du sujet mais pour le piéger (en tout cas c’était comme ça dans ma ville de P1) avec des tournures alambiquées (doubles négations, mots approchants etc…). Bref, on bouffait bêtement du QCM pour s’entraîner…

        De toute façon, chaque réforme entraînera son lot de mécontents.

  8. nfkb dit :

    tu vois finalement même si les confs d’internat/ECN ne sont pas utiles (http://goo.gl/6Iyks), elles dispensent au moins le même message (http://goo.gl/gQnNV) en terme de présentation des copies pour soulage les correcteurs 😉

  9. John Snow dit :

    Je me suis parfois laissé aller à penser que Perruche n’était probablement qu’un amalgame de deux inséparables.
    Le premier qui me cloue respectueusement le bec avec son Mrozek de poche, qui déambule la nuit en regardant les nuages, tout en réflexions sur son expérience personnelle. Il me parle de culture, de philosophie, et comme mes parachutes ne sont pas bien grands je finis par m’écraser. Celui là, je l’aime.

    L’autre par contre, il m’énerve. C’est celui qui rationalise, qui croit maîtriser, qui pense que Gaillard est intelligent. Celui là c’est le HU de base, celui que je ne connais que trop bien. Alors je m’emporte.

    Ce serait tellement simple. Mais comme le monde est monde, forcément c’est le bordel. Perruche ne fait qu’un, c’est certain. La preuve dans ce post. Les deux volatiles virevoltent côte-à-côte sans jamais se percuter. C’est sidérant.

    Oui, la culture médicale est importante en préambule à la formation des médecins, comme les sciences humaines. C’est même essentiel à mon sens. Les mettre au premier plan en première année n’est pas une hérésie.

    Mais l’évaluation d’une épreuve rédactionnelle par grille correctionnelle c’est de la connerie de pseudo-pragmatique! Bordel! Oui, je sais il faut classer. Alors la grille, c’est bien commode. Mais ce genre d’épreuve devrait justement servir à évaluer la structuration d’une pensée cohérente, sans cadre défini à l’avance. Difficile sur 800 copies. Mais pas impossible. Ca changerait tout.
    J’en suis la preuve vivante, et pas si vieille: premier en Sciences Humaines en P1 et 3e en biologie. A l’époque, les questions étaient ouvertes et laconiques, genre: « la psychologie est-elle une science? » Pas vraiment une question de cours. J’ai réussi P1 avec ces 2 seules épreuves. Les autres ont constitué mon classement dans le numerus clausus. La correction a dû être titanesque, j’en conviens. Et Perruchequejaime aussi sûrement.

    Mais Perruchequimegonfle donne des conseils pour bien coller à la grille quand Perucheadorée trouve que c’est abusé de faire du par coeur sur ce genre d’épreuves…

    Il y a de quoi rester pantois.
    Je rêve d’un monde où les chirurgiens seraient choisis sur leur habileté. Les psychiatres, sur leur capacité d’abstraction. Les généralistes, sur l’empathie et la prise de recul. Les universitaires, sur l’enseignement. Les chefs, sur leur aptitude à diriger.

    Pas pour demain j’ai l’impression.

    • nfkb dit :

      Salut John,

      (ça fait un peu intro de film avec Seagal, j’aime, et j’aime la culture http://goo.gl/L4I1L )

      Oui, le PU français est un couteau suisse, alors forcément comme tous les trucs multifonctions, y’a forcément un truc moins bien. Je suis comme toi, j’aime bien le lecteur CD qui lit les CD et le grille-pain qui s’occupe de mon pain, le grille-pain qui joue de la musique j’aime pas. A qui la faute, à ceusse qui veulent conserver leurs attributs ?

      Concernant les copies, je pense qu’un petit stage U t’aurais fait du bien pour comprendre cette problématique. Comme je n’aime pas tuer les souris et que j’aime bien endormir (j’aime pas réveiller par contre, c’est mon grand défaut) les patients, je suis un micro-U, et les micro-U ce sont des supers surveillants/correcteurs. A bac+11 t’es paré pour gérer le chronomètre d’une épreuve et distribuer les brouillons. Quand tu as corrigé des centaines de copies, franchement tu en ras le cul des pattes de mouche et des trucs sans queue ni tête. Quand tu as la responsabilité des concours comme le P1, ben oui il faut trouver un système pas trop injuste. C’est comme ça. (Je suis aussi étonné qu’il y ait si peu d’oraux en Médecine. Riches en enseignements pour les enseignants les oraux )

      Concernant les SHS, la docimologie ne conditionne pas forcément ce que tu en retiens, ou pas complètement. Ce sont des bases, des petits repères. Je me souviens bizarrement de trucs complètements tordus de mes cours de SHS de P1 mais aussi très bien des cours sur la résilience. Va savoir ce que l’étudiant va retenir au final !

      nfkb

      PS j’espère que Perruche ne va pas se faire plumer, parce que mizot’ j’ai reçu un coup de fil d’un vice doyen un week end pour m’être trop étalé sur des modalités de corrections avec des exemples extraits de copies http://goo.gl/99UWa le mot de passe c’est quatre lettre, une maladie des yeux de l’hypertendu qui donne une baisse de la vision unilatérale

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