Les médias sociaux sont des outils utiles pour faire de la veille bibliographique, pour la diffusion à visée pédagogique ou formatrice. Twitter est celui que je connais le mieux. J’aime bien, certains trouvent que c’était mieux avant, j’ai le sentiment qu’il suffit de choisir de ne pas répondre à toutes les provocations ou de ne pas suivre des gens vite énervants pour que ses coronaires ne se spasment pas trop souvent. J’ai bien aimé me battre, parfois je cède encore un peu à la tentation, mais beaucoup moins qu’avant. Mon grand age fait que je dois prendre soin de mon myocarde.
J’ai lu un article très intéressant analysant le débat autour des vaccins aux USA sur Twitter. Je vous conseille de le lire, j’attends l’accès au supplementary data avec impatience. L’introduction montre l’impact du débat dans les médias sociaux sur les usages des individus et les risques potentiels pour les populations les plus fragiles. Le but était de comprendre comme les antivaccinations utilisent les bots pour disséminer leurs arguments. La méthodologie repose sur l’analyse textuelle des tweets. C’est un corpus de 1 793 690 tweets qui sera utilisés, récupérés rétrospectivement de juillet 2014 à septembre 2017. Les utilisateurs utilisent 6 bases de données pour classer les auteurs des tweets. En cours de route, ils ont découverts un hashtag #VaccinateUS qui est utilisé uniquement par des comptes de trolls russes.
Les résultats sont très intéressants. Les plus surs montrent que les antivax utilisent des réseaux classiques connus pour disséminer des malwares ou des contenus commerciaux. De façon malicieuse, les auteurs affirment que les le contenu antivax augmente le risque d’infection aussi bien numérique que biologique. L’analyse du #VaccinateUS, produit par des trolls russes, montre que l’objectif n’est pas d’avoir une position pro ou anti mais juste d’amplifier la discorde, il s’agit de comptes prodiscorde. La discorde a toujours tendance à donner une prime à la position « antisystéme ». Enfin, la diffusion du message antivax utilise différent type d’outils avec un mélange de bots, de trolls et de comptes mixés.
Ce papier montre comment des groupes, des lobbys?, utilisent facilement twitter pour faire avancer leur agenda. Un vrai challenge est comment analyser la nature des comptes, ceci est bien illustré par la quête des bots russes dans l’affaire Benalla. Les auteurs de l’article sur les vaccins arrivent à la même conclusion, le message antivax passe par un mélange difficile à détricoter de militants suractifs, de trolls pro, de bots pourris classiques et probablement de choses plus subtiles. Il est très important pour les pouvoirs publics en particulier dans le domaine de la santé publique de savoir utiliser ces outils pour que le message raisonnable soit audible et touche les plus fragiles. Le risque est d’amplifier l’effet prodiscorde des comptes de pays non amis dont le seul objectif est de désorganiser et de polluer le fonctionnement de la démocratie en tendant les discours. Il est fascinant et un peu inquiétant de voir que les russes pensent que la vaccination puisse être un enjeu dans leur lutte contre l’occident.
Je reconnais que ceci rend un peu voir, beaucoup paranoïaque. Pour lutter contre la démagogie d’un coté ou de l’autre, il n’y a qu’une arme toujours la même: « la science ».
Je vous signale une autre note de blog sur le sujet, ici.
L’article en pdf est dans le lien suivant.
Ping : Des bots et des vaccins – Portail-Veille