Lundi 19 mars 2012 aurait du être le cinquantenaire du cessez le feu en Algérie après la signature des accords d’Evian la veille, malheureusement il en fut autrement. Il restera… Je ne sais pas quoi, sauf pour les parents. Nous verrons quelle signification cette date prendra avec la patine du temps. Non seulement, le meurtrier a tué des innocents et la mémoire de ce jour si particulier pour la France et l’Algérie. En ces moments, où la haine facile va remonter, où les non dits racistes vont se réchauffer, pour réfléchir un peu je vous conseille l’écoute de l’émission de lundi de la fabrique de l’histoire.
La semaine était consacrée au gout de l’Algérie. Il y avait deux invités, alors qu’un homme venait d’assassiner froidement trois enfants et un adulte, un homme et une femme (Hélène Erlingsen-Creste et Mohamed Zerouki) nous parlaient de leurs pères ennemis morts en 1958 et 1959 sur cette terre que l’un voulait libérer et l’autre tentait de conserver dans le giron de la république.
Ce fut un très beau moment de dialogue entre deux personnes que le père tué par l’adversaire devrait séparer de façon irrémédiable. Ils pourraient poursuivre le match des mémoires, le match de la souffrance, des rancœurs, sans fin, sans issue, sauf celle de nouveaux massacres. Ils nous montrent un autre chemin. Ils montrent la voie de la réconciliation, d’une vraie réconciliation qui passe par la compréhension mutuelle, par le savoir. Ce livre, cette émission sont un message d’espoir, écoutez là, lisez le (ce que je vais faire). Mohammed Zerouki a une très belle phrase: « Il faut que nous grandissions ». Il a raison, mille fois raisons, grandir pour ne pas s’arrêter à l’écume de l’histoire et de l’émotion. Hélène Erlingsen-Creste explique comment, de façon évidente, son père, résistant en France pendant la seconde guerre mondiale, si il s’était appelé Zerouki eut été un moudjahidin.
En ces heures tristes, où certains crient vengeance, c’est une leçon, leçon de dialogue, d’apaisement, une feuille de route vers la paix.
Bon dimanche.
Note écrite avec l’aide d’un immense pianiste Brad Mehldau en solo, improvisant à Tokyo sur un thème de Radiohead. Merci à un lecteur assidu, amoureux de musique, qui m’a rappelé que ce disque était dans ma discothèque. De la rencontre et du mélange naissent la beauté.
[audio:https://perruchenautomne.eu/musique/06.%20Paranoid%20Android.mp3]
Illustration Mr Brainwash