Sauvez une forêt

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Conseils d’écoute pour un dimanche

La série documentaire sur la rafle du Vel d’Hiv, une remarquable émission en 8 épisodes, il y a un équilibre très pertinent entre témoignages de survivants et explications historiques. Une écoute indispensable pour comprendre ce qui est et restera un moment de honte de la France. Munissez vous de quelques mouchoirs pour essuyer les larmes qui viendront, forcément. Vous ne verrez plus jamais une roue de Brie comme avant après cette écoute.

Dans le cours de l’histoire, quatre émissions remarquable sur Hitler et les différentes années en 3, 23, 33, 43. Les historien/nes interrogé/es sont passionnant/es du lundi au jeudi. La deuxième émission sur Mein Kampf est indispensable pour prendre la dimension de ce texte et apprendre que Hitler était un mauvais écrivain. Ma préférée, la quatrième sur les images, le propos va bien au delà de la deuxième guerre mondiale et de l’extermination des juifs d’Europe. Cette émission est une œuvre de salubrité publique pour comprendre ce qu’est une photographie, jamais neutre et à toujours contextualiser. L’émission du vendredi est aussi passionnante avec Stéphane Audouin-Rouzeau et la question majeure du corps dans la guerre entre autres. En regardant l’Ukraine, nous ne devrions pas oublier que des corps sont martyrisés et que si la guerre est un acte politique dans son essence, elle est faite des corps et des âmes meurtries.

L’excellent Code a changé et sa dernière enquête sur la typographie. C’est passionnant, encore une fois, je me répète. Une émission importante, ne serait ce que pour comprendre pourquoi utiliser les outils d’Adobe vous expose à ne plus avoir de couleurs, pourquoi quand Google devient Alphabet il faut le prendre au sérieux et quelques pistes de résistances. Il y a un étrange écho entre la quatrième émission du cours de l’histoire qui insiste tant sur le fait de s’intéresser à qui produit l’image et pourquoi et cette émission sur qui fait une police typographique et pourquoi elle est mise en open source. La résistance passe par notre attention au monde, dans un monde qui ne cherche qu’à nous distraire. J’aime bien comment Xavier de La Porte construit ses émissions avec des détours, des souvenirs. Ma lecture du moment est totalement dans ce mode narratif, je ne suis pas sur que ce soit un hasard.

Enfin, une écoute indispensable pour toutes et tous, encore une série documentaire, « Qu’est ce qui pourrait sauver l’amour?« . Avant de vouloir changer le monde si on faisait bouger nos relations intimes. Lisez ça d’abord, pour vous mettre dans l’ambiance et bien comprendre de quoi on va parler.

Bonnes écoutes.

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Ralentir mon vieillissement cérébral

Un article qui sera utile à tous les néphrologues quand nos collègues cardiologues nous demande si il faut en plus du cœur transplanter un rein. Il y a un bénéfice sur la mortalité des patients à partir de 40 ml/mn/1,73m2, de recevoir à la fois un rein et un cœur que de ne recevoir qu’un cœur. Le seul soucis est que le risque de perdre le transplant rénal est le double dans le groupe double transplantation que transplantation rénale simple. Si en terme individuel à partir du stade 3b il y a un bénéfice, en terme populationnel, le doublement du risque de perte du transplant rénal pose une question d’équité importante pour les patients sur la liste d’attente.

Un très intéressant papier qui montre un lien entre la dysfonction endothéliale et la diminution de la force musculaire chez le patient avec une maladie rénale chronique.

Horloge rénale, un très chouette papier qui montre à quel point les mammifères sont rythmiques.

Avoir une bonne santé cardiovasculaire est associé à une vie plus longue en bonne santé. Ici la santé cardiovasculaire est mesuré par le score LE8 et la vie en bonne santé par l’absence de maladies cardiovasculaires, l’absence de cancer, l’absence de démence et l’absence de diabète. Le plus intéressant est le bénéfice d’avoir une bonne santé cardiovasculaire est indépendant de ses revenus. Le gain de vie en bonne santé est de près de 7 ans pour les hommes avec une très bonne santé CV par rapport à ceux avec une mauvaise qualité et pour les femmes le gain est de près de 9 ans et demi.

L’hepcidine comme protecteur dans les maladies inflammatoires de l’intestin. Un très intéressant article en français qui montre que ne pas avoir d’expression de l’hepcidine n’est pas une bonne idée pour un bon état du tube digestif. Dans les situations à risque de lésions pour le tube digestif, il n’est probablement pas bon de diminuer la quantité d’hepcidine. Avant de prescrire un inhibiteur des prolyl hydroxylases, pensez y.

Pour continuer dans les risques non prévus de faire joujou avec la voie HIFalpha par exemple avec des inhibiteurs des prolyl hydroxylases, ici un exemple dans le muscle. L’article montre que maintenir une activité de la voie HIFalpha dans le muscle entraîne un défaut de régénération musculaire. Je ne pourrai que conseiller d’arrêter cette classe thérapeutique en cas de lésion du muscle pour éviter que la régénération ne prennent trop longtemps.

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« Les veines de la terre », éditeurs Marin Schaffner, Mathias Rollot, François Guerroué

Une anthologie des bassins-versants, que je vous conseille fortement. C’est une introduction au biorégionalisme avec des réflexions passionnantes sur l’eau. Il s’agit d’une sélection de texte qui montre l’importance de l’eau dans notre vie. Tous les textes sont passionnants, les plus anciens comme les plus récents. Le choix est si bien fait que vous avez envie d’aller plus loin et de mieux comprendre les différentes expériences. J’ai mis sur une carte les différents lieux dont parlent les différents auteurs. Allant du quartier des Aygalades à Marseille au fleuve Victoria en Australie en passant par l’Amérique du nord, le Brésil, le Japon, le Congo et l’Inde. Les questions sont très proches et les inquiétudes identiques. Une lecture vraiment enrichissante qui suggère que partir des questions essentielles comme l’eau, un élément essentiel à la vie sur Terre est peut être une bonne stratégie pour explorer comme vivre en harmonie entre humains et entre humains et non humains.

Reconnaître une parenté entre nous et les éléments, montagne, rivière, animaux qui nous entourent, comme les aborigènes australiens ou les indiens d’Amazonie semble un bon point de départ. Ne pas voir l’eau comme une marchandise mais comme un commun est un deuxième prémisse qui parait central pour une discussion apaisée. Enfin, un tabouret tient mieux sur trois pieds que deux, proposer que les réponses soient locales en tenant compte des particularités et sans vouloir imposer une solution unique semblent aussi une idée pas trop con. Bonne lecture.

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L’éternité en forme

Le mythe de sisyphe revisité par PBF.

https://pbfcomics.com/comics/sisyphus-myth/

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Less is more transplantation

J’aurais vraiment aimé que cet essai soit positif, tant cette situation clinique est embêtante. La nicotinamide ne réduit pas le risque de récidive de cancers cutanés chez les transplantés d’organes. Pour mesurer l’ampleur du problème regardez le nombre moyen annuel de récidives. L’essai manque de puissance mais vu les résultats, même avec le bon recrutement peu de chance qu’il y eu un résultat positif.

https://www.nejm.org/doi/full/10.1056/NEJMoa2203086?query=TOC&cid=NEJM%20eToc,%20March%202,%202023%20DM2076332_NEJM_Non_Subscriber&bid=1439112985

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Moins c’est mieux lithiase

Essai randomisé contrôlé majeur dans le NEJM, malheureusement négatif, l’hydrochlorothiazide bien que diminuant la calciurie ne diminue pas le risque de récurrence de colique néphrétique avec un suivi de prêt de 3 ans. On pourra discuter la définition de l’hypercalciurie et le fait que seulement 60% des patients le sont. Il n’empêche que vu l’augmentation du nombre de cas de diabète ça ne donne pas très envie de prescrire de l’hydrochlorothiazide en prévention de la lithiase rénale. Dans certains cas, on discutera son utilisation surtout les hypercalciuries importantes. Bravo aux auteurs suisses d’avoir randomisés plus de 400 patients dans ce très bel essai.

https://www.nejm.org/doi/full/10.1056/NEJMoa2209275?query=TOC&cid=NEJM%20eToc,%20March%202,%202023%20DM2076332_NEJM_Non_Subscriber&bid=1439112985

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Pourquoi vous ne verrez jamais un fin croissant de lune haut dans le ciel ou en pleine nuit.

La réponse est ici.

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Vous reprendrez bien un peu de faux sucre

Je vais parler de deux articles pour lesquels mon niveau de compétence n’est pas optimal. Je suis néphrologue et pas diabétologue. Je pense avoir lu le premier assez attentivement pour en parler. Pour le deuxième je maitrise un peu plus.

Ce premier article est en accès libre sur le site de Cell. Chacun pourra ainsi se faire son opinion. Il s’agit du travail d’une équipe israélienne qui s’intitule « Personalized microbiome-driven effects of non-nutritive sweeteners on human glucose tolerance ».

La question posée est simple, est ce que les édulcorants modifient la tolérance glycémique?

Les édulcorants sont largement utilisés dans la population avec de nombreux aliments dit light. La discussion sur les effets bénéfiques ou maléfiques de ces compléments alimentaires est un vaste sujet. Je déclare un conflit d’intérêt intellectuel, j’ai tendance à penser qu’il faut éviter toute alimentation ultratransformée et qu’il faut au maximum faire sa cuisine soit même en privilégiant des apports riches en végétaux et plutôt un régime type méditerranéen. L’introduction de l’article fait bien le point sur la conflictualité du sujet édulcorant. Les auteurs en terme de volume de bibliographie ont trouvé plus d’article en défaveur de l’utilité de ces molécules qu’en leur faveur. Connaissant mal la littérature sur le sujet, je laisserai d’autres commenter si ils le souhaitent.

Le cœur de l’article est un essai randomisé sans aveugle qui va comparer la réponse glycémique de 6 groupes sur une période de 28 jours. L’inclusion a été difficile car il fallait que les participant ne consomment pas d’édulcorant du tout. Finalement ils ont inclus 131 personnes sans pathologie plutôt jeune (29,9 ans ans de moyenne), plus de femmes (65%) et avec des bilans parfaits. Il faut noter qu’on ne voit pas vraiment des valeurs comme on en a l’habitude. J’aurai bien aimé voir la créatininémie ou un DFG car c’est surtout ça qui va m’intéresser. Je fais confiance aux auteurs, il n’y a pas d’insuffisants rénaux, comme il n’y a pas de diabétique. Les participants vont consommer pendant 14 jours soit de la saccharine, soit du sucralose, soit de l’aspartame soit du stevia soit du glucose soit rien. On donne au participant 6 sachets qui leur feront consommer par jour, pour l’aspartame 0,24g soit 8% de l’apport acceptable quotidien & 5,76g de glucose, pour la saccharine 0,18g soit 20% de l’apport acceptable quotidien & 5,82g de glucose, pour le sucralose 0,102g soit 34% de l’apport acceptable quotidien & 5,898g de glucose, stevia (steviol glycosides) 0,18g soit 75% de l’apport acceptable quotidien & 5,82g de glucose, pour le glucose 5 grammes.

La glycémie sera surveillée par une mesure du glucose dans l’eau interstitielle. L’épreuve de tolérance glucidique sera faite à domicile avec cette technique de mesure toutes les 15 minutes après avoir ingéré 50 g de glucose en moins de deux minutes. Ils vont faire au total 9 tests de tolérance glucidique. Le nombre de données accumulés est très important, avec une grand variabilité de résultats entre les individus pour les tests à la baseline mais une assez bonne corrélation entre les tests. Le résultat majeur qui sera le plus commenté et critiqué est le fait que la tolérance glycémique est moins bonne durant la période de prise de deux édulcorants, la saccharine et le sucralose. Les auteurs ont analysé dans tous les sens les data et ils retombent toujours sur ce résultat. En pratique, quelques jours de consommation de saccharine ou de sucralose modifie votre tolérance à une charge en sucre. Un résultat très amusant est que l’insulinémie est seulement augmentée dans le groupe glucose sans édulcorant. Il n’y a pas d’autres modifications durant la période qui pourrait expliquer la différence de réponse au glucose observée. Il y a peu de doute que la saccharine et le sucralose ont un impact, du moins sur une courte période et chez des gens qui vont bien. Je ne sais pas pourquoi mais je pense que plus longtemps et chez des gens moins bien portants le résultat ne sera pas vraiment différent, mais en toute rigueur il faut faire le job pour y répondre. Dans le doute, j’éviterai ces deux édulcorants à ce stade du papier.

Comment ça marche? l’hypothèse des auteurs est que les édulcorants modifient le microbiome fécal. Alors qu’il n’y avait pas de différence entre les groupes au départ ceux qui consomment de la saccharine et du sucralose voit la composition de leur microbiote se modifier. La fonctionnalité du microbiome est modifiée pour les quatre édulcorants alors que les groupes glucose et rien n’ont aucune modification de composition ou de fonctionnalité.

C’est bien d’avoir trouvé des modifications du microbiome mais comment ça marche? Il faut trouver des métabolites dans le sang des patients dont la concentration bouge avec la supplémentation en édulcorant et qui sont corrélé à la tolérance glycémique. Le sucralose est celui qui modifie le plus le métabolome avec 9 qui augmentent et 3 qui diminuent sur l’ensemble de la population sucralose alors que les concentrations de ces métabolites ne bougent pas chez ceux ne prenant que du glucose ou rien. Un certain nombre de ces métabolites collent avec les modifications de fonctionnalité du microbiome observées. Le sucralose modifie la concentration de certains métabolites via son impact sur la flore intestinale. Pour finir avec le sucralose, ils ont comparé les métabolites qui bougent le plus et ceux qui modifient le plus leur réponse glucidique. 3 métabolites dont la sérine voit leurs concentrations augmentées avec la supplémentation chez ceux qui seront le plus intolérant au glucose par rapport à ceux qui n’ont pas de modification de la réponse glucidique.

Pour être honnête, ce qui m’a le plus intéressé est l’effet de la saccharine qui entraîne une augmentation de l’indoxyl sulfate une toxine urémique bien connue que nous étudions largement au sein du labo est qui est toxique pour l’endothélium. Ainsi la saccharine pourrait en plus d’être responsable d’une insulinorésistance être aussi responsable d’une toxicité endothéliale directe. J’aimerai bien avoir les taux d’IS observés.

L’aspartame n’entraîne pas de modification de la tolérance glucidique, quand on regarde les métabolites qui bougent on retrouve encore deux agonistes d’AhR, la kynurénine et l’indole-3-Acetate (mieux connu sous le nom d’indol acétique acide, IAA). Manifestement, les édulcorants modifient le métabolisme du tryptophane. La littérature récente nous donne peut être une explication sur la bonne tolérance glycémique de l’aspartame, c’est l’IAA qui pourrait augmenter la production de GLP1. L’analyse métabolomique, c’est vraiment intéressant.

Pour finir avec ce papier les auteurs, font de la transplantation fécale chez des souris qui conforte leur idée que les édulcorants, c’est pas génial pour le bilan glucidique surtout le sucralose.

Après avoir lu ça, vous allez dire c’est pas grave moi je ne consomme pas ces trucs mais des polyols uniquement et surtout de l’erythritol. Un article récent vient vous dire mauvaise pioche. Cet article montre que ce polyol est associé au risque de faire un événement cardiovasculaire majeur dans trois cohortes indépendantes et ça résiste à l’ajustement avec en plus un effet dose. Plus vous avez d’erythritol circulant plus vous augmentez votre risque de faire un infarctus ou un accident vasculaire cérébral.

Ensuite les auteurs montrent que les concentrations d’erythritol retrouvées chez les patients, in vitro activent les plaquettes et favorisent l’agrégation plaquettaire. Ils utilisent un modèle in vitro de formation du thrombus plaquettaire qui conforte ces résultats et chez la souris la prise de cet édulcorant entraîne une occlusion plus rapide de la carotide après exposition au chlorure de fer.

Enfin, chez des volontaires sains, la prise de 30 g de ce prothrombotique entraîne une augmentation des concentrations circulantes (au delà des concentrations utilisées dans les manip plaquettes) et ce pendant 24 à 48 heures. 30 g c’est une portion de glace ou un portion de boisson contenant cette magnifique molécule. Quand on sait que l’erythritol est éliminé à 80% par le rein, je n’ose pas imaginer les concentrations obtenus chez les patients avec une maladie rénale chronique.

Les données de cet article montrent de façon robuste un effet délétère de cet édulcorant sur la fonction plaquettaire. La principale cause de décès chez les patients diabétiques est cardiovasculaire, on peut se demander si il est bien raisonnable de conseiller l’utilisation d’aliments contenants de l’erythritol surtout si il y a une pathologie coronarienne ou des lésions vasculaires.

Ces deux articles méritent de voir leurs résultats répliquaient mais le signal d’alerte est là sur les édulcorants et il est difficile de l’ignorer en terme de santé publique. J’aimerai bien doser l’erythritol chez des patients avec une maladie rénale chronique pour voir si nous pourrions le rajouter à la liste des toxines urémiques. Enfin concernant les dérivés du tryptophane, je suis convaincu que c’est un sujet très important pour comprendre certaines complications et certains aspects bénéfiques de notre alimentation.

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Pour faire votre malin en société, quel est le film le plus long de l’histoire?

La réponse est LOGISTICS, 37 jours et nuits (51420 minutes) du parcours à rebours d’un podomètre de la Suède à la Chine. Je vous mets le trailer qui dure 72 minutes. Ca vous donnera peut être une idée de voyage contemplatif.

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