Quand en faire moins est une bonne chose, une ode à la décroissance en médecine

Millions of people get tests, drugs, and operations that won’t make them better, may cause harm, and cost billions.

Source : America’s Epidemic of Unnecessary Care – The New Yorker

Vous devez lire ce formidable article de Atul Gawande, bien écrit et très instructif. Il montre brillamment comment notre système de santé avec un paiement à l’acte, je vous rappelle que nous sommes à la T2A à l’hôpital, est un cercle vicieux qui incite à prescrire plus d’examens et à faire plus d’actes que nécessaire. La médecine défensive est aussi en cause aux USA du fait de la peur de la poursuite. L’article décrit avec des exemples simples comment en faisant des examens inutiles, nous pouvons nuire. La leçon est toujours la même « Less is more ». Plutôt que d’avoir des réflexes monosynaptiques, un symptôme, un examen paraclinique ou une pilule magique. Un bon examen clinique et une prise de temps pour de la réflexion permettent de limiter la consommation médicale et ses effets secondaires. Faire une IRM pour une lombalgie sans signe de compression nerveuse, n’est probablement pas rendre service à son patient.

Gawande cerne bien les tenants de cette inflation de paracliniques. Il ne se contente pas d’un constat mais montre des pistes permettant de limiter le recours à trop d’examens ou d’opérations injustifiés. Il donne l’exemple de Wallmart qui a passer un contrat avec six centres d’excellence sur les douleurs lombaires. Ceci a permis de diminuer le recours à la chirurgie. AUtre exemple le système WellMed qui assure aux praticiens plus de temps pour soigner les patients plus complexes sans perte de salaire à condition de moins prescrire d’hospitalisations et d’examens inutiles. Ces solutions marchent.

Elle repose toutes sur des concepts simples:

  1. Remettre la clinique au cœur de la prise en charge du patient,
  2. Développer des centres experts avec une culture de la juste intervention et *
  3. Sortir d’une stratégie « je te paye plus si tu fais plus d’actes ».

A l’heure où nous voulons faire des économies, les pistes ouvertes par cet article sont assez facile à mettre en œuvre. Il faut juste sortir d’un mode de pensée libérale simpliste et de nos petits corporatismes. Si des médecins américains y arrivent, je ne vois pas pourquoi ce ne serait pas possible en France.

Je voudrais en profiter pour vous rappeler « Choosing Wisely« . J’aime bien lire ces recommandations pour la décroissance. Je vous conseille de les garder à proximité. Choisir avec intelligence, sans se laisser guider par la peur de gros mots comme « cancer » pour des petits machins sans risque. La comparaison de l’article entre cancers et tortue ou lapins est très futée. La majorité des cancers de la prostate, de la thyroïde sont des tortues. Il y a un Pdf qui compile les trucs inutiles. J’aime bien celui sur le dépistage du cancer de la prostate. Sinon dans ma spécialité celui ci est un de mes préférés, les AINS c’est le mal

En chanson peut être que le message passera encore mieux. J’avais fait une petite traduction en Français, ici. Jetez vous sur l’article vous le regretterez pas.

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9 réponses à Quand en faire moins est une bonne chose, une ode à la décroissance en médecine

  1. drjbblanc dit :

    L’article est excellent et les vidéos de McCormack sont géniales comme un peu tout ce qu’il fait. Mais il faut être bon en anglais pour les suivre…
    À noter une version en français du beau projet Chosing Wisely faite par des médecins canadiens :
    http://www.choisiravecsoin.org/recommendations/

  2. Pascal CHARBONNEL dit :

    C’est passionnant et c’est à diffuser, alimenter, etc…
    Même le lapsus dans le titre est intéressant 🙂

  3. dsl dit :

    Sortir d’un mode de pensée libérale simpliste, ça veut dire quoi ?

    • PUautomne dit :

      Un petit exemple ici, juste pour rire. On veut faire des économies de bouts de chandelle. Le marché ne peut pas tout résoudre comme par miracle, car sa main n’est pas aveugle, ni innocente.

      • dsl dit :

        Parler de la main invisible du marché dans le cadre du marché des soins me semble assez inapproprié compte tenu des régulations, normes, lois, protections, subventions qui émanent de l’Etat et des différents acteurs.
        En l’occurrence, cette étude montre qu’un arrêt des soins dentaires gratuits reporte l’activité vers les centres d’urgences, ce qui parait assez prévisible, et ne dit rien sur l’état de santé de la population en question ni sur la capacité de la population à subvenir à ses besoins en l’absence d’intervention de l’Etat.

  4. ucelli dit :

    Beaucoup d’articles ces derniers temps dans le JAMA dans l’esprit « less is more ».
    UNe grande (et rare) source de bonheur pour moi est de voir un patient comprendre quand je lui explique le principe « less is more » et que multiplier les examens amène a découvrir des choses qu’il vaut mieux ignorer à moins de prendre le risque de causer des ennuis.. Pas toujours le temps. Tous ne pensent pas que « il vaut mieux savoir ».
    D’un autre côté ce’est très anxiogène que de s’abstenir de « dépister ».

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