Enceladus, n’oubliez pas ce nom

https://www.nature.com/articles/d41586-023-01666-x

Une lune qui émet de longs jets de vapeur d’eau et une très bonne candidate pour de la vie extraterrestre.

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Le poète

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Assortir

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Bon gout homardien

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La première sternotomie

Le chirurgien intervient à mains nues. L’anesthésiste fait de l’hypnose avec un succès limité. Les aides opératoires sont casqués. Le patient semble peu coopèrent. Ce fut un échec convertit en décapitation.

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Livres 2023 B

« Jardins de poussière » de Ken Liu, avec ce recueil de 25 nouvelles Ken Liu confirme qu’il est un très grand monsieur de la science fiction. Vous pouvez vous jeter dessus, même si vous n’aimez pas le genre, vous trouverez quelques nouvelles qui vous parlerons. Il explore tous les genres du space opera qui donne le titre au recueil, à la fantasy, en passant par l’uchronie, la hard science et un genre où notre monde ne change que sur un détail technologique. Le recueil est dominé par notre rapport à la technologie. Il interroge tous les aspects de la création des objets par l’humain avec leurs impacts. Vous découvrirez son attachement et l’importance de l’art, il montre de façon très élégante et touchante que cette variable d’ajustement qu’est la culture peut sauver un bout d’humanité. Il y a plusieurs nouvelles qui imaginent que l’humanité quitte son enveloppe corporelle pour être chargé dans un data center. Elles sont troublantes et posent plein de questions. L’uchronie « Une brève histoire du Tunnel transpacifique » est à lire. « Nul ne possède les cieux » parle de la guerre, du rôle du scientifique et ce qu’il se passe quand il réussit. « Ce qu’on attend d’un organisateur de mariage » ou quand l’homme devient un terrain de jeu pour une espèce extraterrestre. « Empathie byzantine » est une très grande nouvelle, elle s’intéresse à comment nous choisissons nos priorités humanitaires. C’est violent et une bonne vieille discussion entre raison et émotion à la sauce blockchain. « Vrais visages » aborde la question de comment nous pourrions limiter nos biais cognitifs face à nos interlocuteurs et les limites de ces outils, franchement très bonne nouvelle encore. J’aurai pu citer toutes les nouvelles. Sachez que vous passerez un moment de lecture très agréable, distrayant et qui vous fera réfléchir.

« Conseils d’1 disciple de Marx à 1 fan d’Heidegger » de Mario Santiago Papasquiaro, un peu de poésie dans un monde de brutes. Ce texte peut être vu comme un des textes fondateurs de l’infraréalisme. Un long poème qui s’interroge sur l’absurdité du monde et sa violence. Je ne conseille ce petit livre que pour les fans de cette école littéraire dont le représentant le plus connu est Roberto Bolaño.

« Les anneaux de saturne » de W.G. Sebald, ma découverte de l’année qui confirme que 2023 sera pour moins une année littéraire exceptionnelle. J’ai lu ce livre uniquement car il est cité dans le dernier john Le Carré que j’ai particulièrement apprécié. Ce texte est une splendeur. L’auteur est un immense écrivain. Le propos est une randonnée dans le Suffolk, une boucle de Norwich à Norwich en 10 chapitres. Il est proche dans la construction de « Glose » de Sraer qui lui raconte sa marche le long d’une rue. Ici, plusieurs jours ponctués d’aventures du quotidien qui deviennent des moments fantastiques ou des digressions intellectuelles et littéraires toujours adéquates et brillantes servies par une écriture poétique. J’ai aimé me promener avec l’auteur le long des rivières anglaises et du littoral de cette cote qui fait face à la Hollande. J’ai aimé ses évocations du colonialisme brutal (Congo belge et Conrad), de notre surexploitation de la nature (Vers à soie, harengs, etc), ces rencontres avec des personnages plus que pittoresques aussi bien les vivants que les morts (son évocation de Chateaubriand est bouleversante), sa relation à la maladie, la peur de la mort. Le livre est d’une richesse et d’une profondeur incroyable, servi par une érudition impeccable. Il est rare de trouver une telle combinaison entre poésie, réalisme, érudition, amour des textes, amour de la nature et fantastique. J’ai forcément pensé à Bolaño, à Sraer, à Borges. L’écriture est magnifique, il arrive à dérouler son texte avec la facilité d’une ballade sans effort, comme si il n’y avait aucun travail. Du très grand art, il va m’accompagner pendant quelques temps, WG Sebald.

« J’envisage l’impossible » d’Arthur Navellou, un petit recueil de poèmes chez Iconopop. Je vous ai donné un petit échantillon de ce volume, ici. Ce n’est pas le meilleur recueil de la collection mais pas le pire.

« Dans la nuit » d’ETA Hoffmann, une très belle traduction de 5 contes du maître du réalisme fantastique et une belle édition de ces classiques du genre avec des dessins aussi inquiétants que les aventures de ces hommes. C’est très genré, les femmes ont rarement le beau rôle quand elles sont actives sinon elles sont passives. Dans le diable de Berlin vous penserez immanquablement à Boulgakov. La postface sur le fantastique et sa balance avec la psychanalyse est franchement très intéressante. A s’offrir pour l’intérêt historique et pour soutenir une remarquable maison d’édition marseillaise.

« Et pourtant je m’élève » de Maya Angelou, j’ai honte de découvrir la poésie de cette autrice si tard dans ma vie. Je n’ai rien à dire, si ce n’est lisez là. Des textes percutants et qui n’ont pas pris une ride. A lire absolument. La traduction est passionnante. Indispensable.

« Je suis une fille sans histoire » d’Alice Zeniter. Un essai sur la masculinité dans la littérature et comment on a virer les femmes de cette dernière, c’est intelligent, drôle et particulièrement bien écrit. Un must read pour comprendre comment le genre nous écrase dans le récit, ce qui explique pourquoi il est capital de faire de l’écriture inclusive. Passez vos livres préférés au test de Bechdel, vous ne serez pas déçu. Son dialogue avec l’auteur de la « Poétique » est très drôle et d’une justesse terrible. Son analyse de la manipulation de nos idées par les médias est totalement d’actualité. Elle renvoie aussi à une très belle théorie de l’immense Ursula Le Guin, la Fiction-Panier. La dernière référence majeure sur la littérature est un article d’Eco que j’ai lu il y a un bon bout de temps et qui est un classique pour comprendre que notre vie est narration et inversement (Quelques commentaires sur les personnages de fiction). C’était après une lecture des Onze de Michon. Nous ne faisons que raconter des histoires. Je n’avais pas bien compris à l’école pourquoi nous passions du temps à faire du commentaire de texte, à démonter la mécanique de la narration. Alice Zeniter m’a enfin, mieux vaut tard que jamais, fait comprendre pourquoi la critique du récit est capital pour agir en temps que citoyen. Si j’étais prof de Française vers la troisième ou la seconde je donnerai à lire « je suis une fille sans histoire » avant d’attaquer le programme. Cette lecture est fortement recommandée.

« Plus de like que d’amour » Dorian Masson, vous pouvez sauter ça.

« Enracinées » de Pauline et Anouk Delabroy-Allard, un exercice difficile la poésie à 4 mains surtout quand on est sœur. Il est parfaitement réussi. La famille n’est jamais une histoire simple. Il faut savoir aussi tourner la page, évoluer, même si c’est difficile parfois. Un texte touchant qui raconte ce qu’est la différence d’âge, le commun et le plus commun, c’est très joli. Derrière la mélancolie, j’ai lu la joie d’être famille. A lire et encore merci à l’iconopop pour ces pépites contemporaines et féminines.

« Des choses sans importances » de Lilia Hassaine, encore une autrice brillante, tous les poèmes sont ciselés et fond mouche. Elle nous fait sentir comment ces petites choses du quotidien font notre vie. Très agréable lecture. Envie de lire sa production romanesque.

« Contes de la solitudes » de Ivo Andric, la démonstration qu’on peut être prix Nobel et un auteur incroyable. L’écriture d’Ivo Andric est puissante. Je n’ai jamais rien lu de lui avant, ces nouvelles sont d’une puissance évocatrice incroyable. Vous ne sortirez pas du recueil sans avoir en tête des images, celle de l’esclave, celle du cirque, celle de cette servante sur le pont. En maximum 20 pages un monde s’ouvre à vous, on passe de personnages historiques à des inconnus. Ils lui rendent visite dans sa maison de Sarajevo et il conte leurs aventures ou plus souvent leur mésaventures. Le changement de discours dans les nouvelles est une constante. Il y a quelque chose du jazz dans ces pièces. Ces nouvelles sont un précis de création littéraire. Comment les héros s’imposent à l’auteur comment ils viennent lui parler, le forcer à les écouter et finalement comment il doit raconter leur histoire. Ce recueil est du très grand art, un choc littéraire rare. C’est le deuxième auteur de l’ex Yougoslavie que je lis après Goran Petrovic et ses incroyables « Soixante-neuf tiroirs » et bien je ne suis vraiment pas déçu. Je ne peux que conseiller, encore une fois, de lire ces contes. Je sais que je les relirai car ils sont beaux et compliqués comme notre vie.

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Fragiles

Je viens de dépasser les 20 ans de pratique comme néphrologue. J’ai commencé à traîner dans un service de néphrologie comme interne 10 ans plus tôt. Après plus de 30 ans à passer mon quotidien avec des patient.es atteint.es de maladie rénale chronique, je me rends compte que je suis toujours aussi touché, voir plus, quand un patients que je suivais meurt. La mort de tout être humain me rend triste même si j’essaye d’avoir une forme de carapace pour ne pas me laisser emporter par mes sentiments. Je suis toujours triste de découvrir la mort d’un humain quelles qu’en soient les circonstances. Je pense aux survivants et je ne peux m’empêcher de me projeter dans le vide laissé par le proche mort. J’imagine l’insouciance du moment d’avant qui bascule dans ce vertige de l’absence irrémédiable. Nous sommes si fragiles.

Un patient que je suivais depuis 15 ans vient de mourir. Je l’ai accompagné durant tout son parcours de personne atteinte d’une maladie rénale chronique, du diagnostic, à la gestion des complications, au choix des thérapeutiques jusqu’à la transplantation préemptive. Je ne peux pas vous raconter les diverses péripéties de sa vie médicale, mais vous pouvez me croire il en a beaucoup connues, plusieurs fois, il a failli y laisser sa peau, pour enfin bénéficier d’une technique de transplantation pas fréquente, rendue obligatoire par ses antécédents. Il est probable que de nombreuses équipes l’auraient contre indiqué mais sa ténacité et celle de sa famille nous a convaincu. Un long parcours médical difficile, nous avions cru, tous les deux, que le plus dur était derrière. Il allait bien, vraiment bien, des projets, des envies, la vie. Et brutalement, la camarde vient nous rappeler que nous sommes fragiles, terriblement fragiles. Le décès brutal, inattendu, tempête dans un ciel radieux. Je l’avais vu 15 jours avant son décès. Forcément vous repensez à ce que vous auriez pu rater, ce que vous avez négligé comme petit signe. Vous reprenez les bilans pour être sur de ne pas avoir sous estimé un petit mouvement qui aurait du vous alerter, vous regardez encore une fois le traitement en vous demandant ce que vous auriez pu ajouter ou enlever. Rien, vous ne voyez rien qui eu pu vous prévenir. Vous êtes pris entre deux sentiments contradictoires, le soulagement et un immense dépit. Soulagement, du nous avons tout fait comme il fallait, c’était imprévisible. Dépit du malgré tout ce que nous avons fait, malgré toute la technicité, la tentative d’optimiser au mieux les petites choses, de penser aux détails, la mort rattrape impitoyable se foutant royalement de nos vains efforts. Constater que notre combat, contre cet inéluctable inhérent à notre condition d’être vivant, la mort, est toujours perdu, m’attriste profondément. Fragiles, nous sommes si fragiles.

Ces histoires, en ce moment nous en avons pas mal, nous rappellent à quel point nous ne savons rien. Nous ne sommes pas capables de tout prédire, de tout anticiper, ces histoires nous obligent à l’humilité. Comprendre le corps humain dans son fonctionnement normal et pathologique n’est qu’au début. Nous avons tant à apprendre, tant à explorer. C’est pourquoi quand je vois des gens s’entre-tuer pour un bout de terre, quand je vois la violence, le mal que nous pouvons faire à autrui, je me demande à chaque fois ce que nous avons raté dans l’éducation de l’humain. Il y a tant à faire pour mieux comprendre et mieux soigner pourquoi dépenser autant d’énergie à faire la guerre, à se battre, alors qu’apprendre, s’occuper des plus faibles devraient requérir toutes nos forces. Il y a quelque chose de profondément déprimant dans le comportement humain. Et pourtant j’ai toujours envie de soigner, toujours envie de comprendre comment ça marche en espérant trouver un petit truc qui fera que la personne malade ira un peu mieux. Nous sommes tellement fragiles. Notre vie et celle de ceux que nous aimons est tellement fragile. Du jour au lendemain, nous pouvons basculer de la joie à la plus grande des tristesses sans aucune transition avec une brutalité incroyable qui nous brise. Pourquoi ne sommes pas plus doux entre nous alors que nous savons que quoique nous fassions nous serons rattrapés par la mort. Profitons des moments de joie, faisons des réserves pour les moments de disette quand notre fragilité nous rattrapera.

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Un peu d’insuffisance rénale aiguë dans Nature

La vidéo est très bien faite et intéressante. Elle est en anglais mais franchement facile.

Pour aller plus loin, il y a une infographie très chouette avec le basique de l’IRA sur deux pages.

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Dessine moi une métaanalyse

Un très pertinent XKCD sur les limites des metaanalyses.

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La méthode, toujours regarder la méthode

Si la COVID19 devrait nous avoir appris quelque chose, c’est que la méthodologie c’est important. Le néphrologue a une pratique utilisant largement les valeurs biologiques. La production d’un sens à une valeur chiffrée est un continuum qui va du prélèvement à l’analyse du résultat par le prescripteur en passant par le transport, l’analyse au sein du laboratoire et le rendu du résultat. Chacun de ces moments est à risque d’erreurs méthodologiques. Il faut savoir les identifier et connaître les limites des valeurs rendues. Un chiffre n’est qu’un chiffre sans intérêt si il n’a pas d’unité et si il ne s’intègre pas dans l’histoire clinique et biologique du patient. Souvent nous demandons les antériorités car une valeur isolée à peu de sens.

J’aime beaucoup les gliflozines. Je suis convaincu que c’est une classe thérapeutique aussi importante que les bloqueurs du SRAA pour les patients avec une maladie rénale chronique. Ces molécules marchent d’autant mieux que le patient est protéinurique, ce qui est logique car il est plus à risque de dégradation. La protéinurie est souvent prise comme un critère d’efficacité de nos stratégie de néphroprotection et comme il n’est pas si facile de faire pipi pendant 24 h dans un bocal, nous utilisons quasiment tous le ratio albuminurie sur créatininurie (le RAC) pour évaluer notre prise en charge thérapeutique. Deux choses peuvent faire diminuer le RAC, la diminution de l’albuminurie (l’effet attendu) ou l’augmentation de la créatininurie (pas vraiment ce qu’on espère, quoique chez le patient dénutri, c’est pas mal). Tout phénomène qui modifiera la valeur de créatininurie sans faire bouger l’albuminurie pourra fausser votre analyse. En plus du ratio, il faut regarder les valeurs absolues pour voir si elle sont cohérentes dans le temps ou avec la clinique du patient. Si votre patient(e) se met à faire du bodybuilding et que sa masse musculaire explose, il va y avoir une augmentation de la créatininurie et avant d’être ravi de sa baisse du RAC vérifie si l’albuminurie diminue un peu quand même, ce qui est peu probable, mais c’est une autre discussion.

Un article récent illustre bien l’importance de savoir comment on dose une valeur biologique et les interférences qu’il peut y avoir. Une équipe anglaise s’est amusée à doser le RAC en rajoutant du glucose dans le pipi des patients et voir ce que ça faisait sur la valeur du RAC en fonction de la méthode de dosage de la créatininurie. Il compare la méthode de référence enzymatique à une méthode qui ne coûte pas cher le Jaffe. Ajouter du glucose dans l’urine mime une prise de gliflozine.

Avec la méthode enzymatique, pas de problème pour le dosage de la créatininurie, le glucose ne fait rien sauf à des concentrations que vous ne verrez jamais chez un.e insuffisant.e rénal.e chronique avec des gliflozines. Par contre la méthode de Jaffé s’accompagne d’une surestimation de la valeur de créatininurie, surtout pour les valeurs les plus basses et à toutes les concentrations de glucose utilisées. Cette surestimation s’accompagne d’une sous estimation du RAC. La présence d’une glycosurie donne à croire dans quelques % de cas à une fausse réduction de la protéinurie qui n’est qu’un artefact de dosage de la créatininurie. Vous verrez que pour les rares valeurs au dessus de 10 mmol/l on a le phénomène inverse. En pratique, il faut demander à votre laboratoire d’utiliser une technique enzymatique pour le dosage de la créatininémie dans les urines comme dans le sang. Ainsi vous ne serez pas embêter pour interpréter le RAC. Il est amusant et un peu inquiétant de constater que les auteurs dans tous les essais pivots sur l’utilisation des gliflozines, sauf un, n’ont pas trouvé la méthodologie utilisée pour doser la créatininurie. Je vous laisse en tirer les conclusions qui vous plaisent. Je rappelle que le critère principal d’évaluation n’était pas la modification du RAC, c’est un critère secondaire. Il n’empêche qu’on aimerait bien savoir si il y a un risque de biais dans tous les papiers RAC publiés avec les gliflozines.

Note écrite avec l’aide de Julian Lage et de son nouvel album The Layers.

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