Un article du BMJ tente de répondre à cette question. La réponse est pas vraiment. Les études s’étant penchées sur le sujet ne sont pas de très bonne qualité. Le niveau nécessaire pour en faire des outils vraiment utiles n’est pas atteint. L’ensemble des scores ont été établis pour des patients bénéficiant d’une coronarographie.
La première réflexion que m’évoque cet article est à quoi ça sert un tel score? Ne faut il pas mieux privilégier une attitude protégeant les reins de tous les patients sans exception? Arrêt des diurétiques, correction de l’hypovolémie, remplissage avec un sérum salé, ces mesures simples combinées à la question « que m’apporte l’injection d’iode? » doivent permettre de prévenir les incidents.
La deuxième est qu’il est difficile de prédire un phénomène qui n’est peut être qu’un mythe, une légende non pas urbaine mais hospitalière. Je vous rappelle ces deux articles majeurs, qui annoncent fièrement que la néphropathie induite par les produits de contraste iodés n’existe pas. Si vous avez face à vous un radiologue qui ne veut pas injecter de l’iode ou si vous avez peur et que vous voulez vous rassurer gardez à proximité ces références. Si vous avez face à vous un méchant néphrologue qui ne veut pas écouter votre belle histoire d’insuffisance rénale aigue car votre patient à simplement eu une injection d’iode, vous pouvez aussi les utiliser. Ces deux papiers sont perturbants et assez convaincant. L’analyse de quelques dizaines de milliers de scanners avec ou sans injection en rétrospectif montre un même risque de faire une IRA dans les deux groupes après ajustement et utilisation d’outils statistiques. L’iode ne ferait rien au rein, nous serions juste des paresseux. Nous oublierions l’injection d’aminosides, l’instabilité hémodynamique, ou la simple déshydratation, voir d’autres causes plus rares. Ces auteurs ont peut être raison, peut être pas. Il faudrait un essai randomisé qui comparerait injection versus non injection pour répondre. Je ne suis pas sur que nous verrons un jour ce travail.
En attendant, préparez bien vos patients (Arrêt des diurétiques, correction de l’hypovolémie, remplissage avec un sérum salé) et si on vous embête trop sortez la littérature, elle sert à ça. N’oubliez pas de discuter avec le radiologue en précisant ce que vous cherchez et les choses ne devraient pas être conflictuelles.
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