Cet article a donné lieu à un éditorial dans le JAMA. Il a été beaucoup commenté aux USA. Le résultat était sans appel, les étudiants en médecine dans leur immense majorité ne savent pas prendre la pression artérielle. Quand j’ai lu l’édito puis l’article, je me suis demandé si je savais encore et comme nous la prenions dans le service. Une petite piqure de rappel ne nuisant pas, j’ai traduit, pour l’afficher dans la salle des consultations, ce petit guide du comment prendre la tension artérielle en 6 étapes.
Étape 1 : Installer correctement le patient
- Le patient est détendu assis sur une chaise avec les pieds au sol et le dos supporté pendant plus de 5 minutes
- Pas de prise de caféine, pas de tabac et pas d’exercice physique dans les 30 minutes avant la mesure
- La vessie doit être vide
- Ni le patient, ni la personne prenant la mesure ne doivent parler durant la période de repos et la mesure
- Enlever tous les vêtements recouvrant la zone de mesure
- Pas de mesure chez un patient assis ou allongé sur une table d’examen.
Étape 2 : La technique de mesure
- Utiliser un appareil de mesure validé et calibré régulièrement
- Le bras est posé sur un support
- Le milieu du brassard au bras doit être au niveau de l’atrium droit c.a.d. au milieu du sternum
- Utilisez la bonne taille de brassard (80% du bras recouvert par la zone gonflée)
- On utilise aussi bien le diaphragme que la cloche du stéthoscope
Étape 3 : Prendre la bonne mesure
- A la première visite prendre la pression aux deux bras et garder la mesure la plus haute et ensuite toujours prendre la pression artérielle du même coté
- Séparer les mesures par 1 à 2 minutes
- Pour une mesure auscultatoire, déterminer la mesure d’occlusion avec le pouls et gonfler le brassard à 20 ou 30 mm Hg au-dessus de la valeur d’occlusion
- Dégonfler le brassard de 2mm Hg par seconde
Étape 4 : Documenter la mesure
- Notez la pression artérielle systolique (PAS) et diastolique (PAD).
- Notez l’heure de la prise la plus proche d’un médicament antihypertenseur
Étape 5 : Faire la moyenne des mesures
Utilisez la moyenne d’au moins 2 mesures à au moins deux moments différents pour estimer le niveau de pression artérielle.
Étape 6 : Donnez les résultats de la PAS et PAD au patient à l’écrit et à l’oral
Avant de traiter, savoir bien mesurer est capital.
Ping : Moins c’est plus, une nouvelle définition de l’hypertension artérielle | PerrUche en Automne
« Pas de mesure chez un patient assis ou allongé sur une table d’examen. »
Alors ça j’avoue que je ne l’avais jamais lu. La table est supposée renforcer l’effet blouse blanche, je suppose ?
Toujours perplexe devant ces règles de mesure : je ne suis qu’en d4, mais chez le MG comme à l’hosto, jamais vu personne respecter ne serait-ce que la moitié de ses préconisations
C’est bien pour ça que je les donne, pour essayer d’améliorer la prise et surtout l’automesure…
Ce n’est pas parce qu’on ne fait pas touours bien, qu’il ne faut pas tendre à l’amélioration.
Un peu cassant, comme réponse, non ?
Dans le même esprit, je dirais qu’exercer son esprit critique ne consiste pas qu’à critiquer 😉
D’autant que cette technique « idéale » décrite dans le JCH semble quand même difficile à appliquer in vivo : en conditions réelles en consultation de premier recours, on ne peut raisonnablement pas obtenir du patient qu’il ne fume pas ni ne boive de café 30 minutes avant, qu’il vide sa vessie avant la consultation, qu’un temps de repos de 5 minutes sans parler soit respecté…
Doit-on arrêter de prendre la tension ? La réserver aux non-fumeurs ? Ne répondez pas que ce sont les conditions de consultation qu’il faut modifier, chacun rêverait d’avoir 5 minutes de silence à chaque consultation ! On n’en a simplement pas le temps, et je ne parle pas de faire du chiffre mais simplement de faire l’ensemble de notre travail (perso de 8H30 à 21H avec 1H de pause, pour 25 à 28 patients/jour : pas vraiment de l’abattage… Mais y ajouter 5×25=125 minutes, pour prendre une « vraie bonne tension » ???
Je me contente de la prendre en fin d’examen clinique, et au cas par cas de la recontrôler après 5 minutes de repos (sur la table d’examen, dossier à 45°, horreur !), et/ou de recommander une consultation ultérieure de contrôle… Bien ou pas, c’est en tout cas ma moins mauvaise solution, la plus pragmatique que j’aie trouvé à ce jour, mais ne suis pas rétif à « tendre à l’amélioration » !
Et bien sûr toutes les mesures de toutes les études ayant abouti à toutes les recommandations ont été faites dans ces règles de l’art, je suppose…
Tout ceci pour une tension de repos en milieu de soins, outil le plus usité car le plus simple mais qu’on imparfait pour circonscrire le niveau tensionnel et ses implications pathologiques et thérapeutiques. Alors, MAPA, automesure ou profil tensionnel d’effort pour tout le monde ?
Bref, un vaste sujet que présentation la méthode comme un « gold standard » de cet article ne fait qu’effleurer, même si le titre du post est bon, en ce sens qu’il contient le point d’interrogation.
Il y a déjà matière à réfléchir dans le fait que l’article du JCH mentionne dans l’introduction » In the United States, multiple protocols for obtaining accurate BPs exist »…
Bonjour,
J’utilise désormais un appareil oscillométrique OMRON professionnel qui fait deux mesures automatiques à 20 secondes d’intervalle et calcule la moyenne.
Est-on bien d’accord sur le fait qu’il est inutile d’étalonner un appareil à mercure avec colonne visible (et donc le 0) et qu’il peut servir de référence pour l’OMRON ?
Il est probable que ce soit le meilleur choix. Ce qui n’empêche pas de respecter tout l’avant et après mesure.
Pour l’étalonnage, je ne sais pas.
Merci pour l’information
Justement mon problème c’est l’étalonnage , j’ai un OMRON électrique , est ce que quelqu’un sait comment l’étalonner?
je prends la TA sur la table d’examen, dossier relevé à 45° et ensuite en position debout surtout chez les seniors. un peu étonné de cette règle de la position assise… consensus ??
merci pour ces infos qui devrait être aussi connues du grand public comme moi car je n’ai jamais eu une mesure prise dans les bonnes conditions si j’en crois ton mode opératoire.
Quand on nous donne les consignes pour remplir la fiche d’automesure tensionnelle. ça commence par l’interdiction d’être allongé et de parler et l’obligation d’avoir le bras nu qui repose sur une table alors que 5 minutes plus tôt, on nous a pris la tension couché sur la table d’examens et avec le bras pendouillant dans le vide, les manches pas relevées et en nous faisant la causette.
Le tout avec la vessie pleine à craquer parce que sur la convocation, il est précisé qu’il faut impérativement se rendre à la consultation vessie pleine.
Mais le médecin ou l’infirmière qui prend la tension de cette manière va te faire la leçon quand tu avoues honteusement que tu a fait ton relevé du matin après avoir vidé ta vessie alors qu’on t’avait demandé de le faire au réveil avant de faire quoi que ce soit. Et te voilà sommé d’en refaire un…
Merci pour ces recommandations qui bouleversent un peu les idées « reçues » de nos enseignants et prédécesseurs.
J’applique depuis quelques mois ces recommandations pour moi-même et mon épouse en prenant nos mesures bien au calme après le petit déjeuner (3 mesures) et après le repas du soir (3 mesures), et ce pendant 3 jours par mois, calculant la moyenne systolique et la moyenne diastolique sur les 2 derniers jours.
Voici mes 2 questions :
– il m’est arrivé, avant cette nouvelle procédure, de remarquer une mesure de TA particulièrement élevée, au lit, la nuit ou le matin. Et j’ai lu que l’HTA nocturne pouvait constituer un facteur de risque plus important que l’HTA diurne (ou plus exactement quelle que soit la TA diurne). Si cela est exact, la méthode des moyennes ne prend pas du tout en compte ce facteur de risque particulier. Qu’en est-il ?
– on nous demande d’effectuer chaque mois 6 mesures par jour pendant 3 jours, mais de ne calculer la moyenne que sur les 2 derniers jours. Alors à quoi bon mesurer le premier jour ???
Merci de vos réponses
L’HTA nocturne ou l’absence de baisse de la PA est effectivement une facteur de risque CV indépendant. Je conseille de toujours prendre au moins un trt anti HTA en particulier l’IEC ou le sartan le soir.
Je pense que l’idée est de ne pas avoir la prise de la reprise de la mesure qui pourrait être modifié par l’émotion.