La première lecture fut « Fantaisies guérillères » de Guillaume Lebrun. Un texte d’une écriture très originale et franchement intéressante, il s’agit d’une relecture de la vie de Jeanne d’Arc style héroïque fantaisie. Il a une très bonne idée qu’il exploite excellement avec un style qui apporte beaucoup à cette histoire un peu folle d’une pucelle qui finira sur un bucher. Je vous le conseille si vous aimez les OLNI.
« La petite lumière » d’Antonio Moresco, un court livre mais au combien magnifique, c’est vraiment brillant, il y a une sensualité incroyable dans ce récit. La nature est décrite de façon magique, il est rare d’avoir le sentiment de touchez les arbres, de sentir la forêt, d’être ébloui. Il y a une grande poésie dans la rencontre onirique entre un homme et un enfant. J’ai très envie de me plonger dans l’œuvre de cet italien, une très belle expérience et découverte.
Un peu de science fiction cubaine avec « Planète à louer » de Yoss. Comment parler de la situation politique et sociale d’une dictature ? Le plus simple est de faire de votre ile une planète bien connue, la terre, et des dictateurs, des xénoespèces. C’est très bien écrit, les personnages sont touchants. Ca parle de sexe, de drogues, de violence, de désespoir des scientifiques qui n’ont rien pour travailler, d’exil. Belle découverte que cet auteur métalleux.
« Le prophète et le vizir » de Yves et Ada Rémy, deux nouvelles sur le pourtour de la méditerranée, si vous aimez les contes et en particulier les milles et une nuits pourquoi pas sinon, vous pouvez passer votre chemin sans regret.
« L’espion qui aimait les livres » de John Le Carré, que dire? Le dernière livre du maitre espion est excellent, on commence et on ne le lâche plus jusqu’au dernier point. Rien à dire, des personnages parfaits, des dialogues ciselés et la nostalgie à tous les coins de rues. Une vision sans concession de ce qu’est devenue la Grande Bretagne et ses services, un très bon roman d’espionnage so british.
« Petit traité bien cuit » de Jean-pierre Ostende qui contrairement à ce qu’indique son nom est marseillais. Un court texte sur la cuisine et surtout ses acteurs principaux, les chefs, drôle, lucide et parfois loufoque, un bon moment. J’adhère totalement à l’ode au Bouiboui, rien que pour ça vous pouvez le lire avant d’aller découvrir un bouiboui.
« La mémoire de riz » de Jean-Marie Blas de Roblès, un recueil de nouvelles remarquable. De la très bonne littérature, intelligent, cultivé, parfois vous sourirez, d’autres fois une larme viendra. Une rare combinaison entre émotion et logique, plus je lis du Blas de Roblès, plus je me dis que c’est un très grand auteur. Vous pouvez en plus jouer à essayer d’identifier à quel auteur vous fait penser la nouvelle. La nouvelle titre du recueil est terrible, une magnifique métaphore sur notre monde, où la beauté mange le savoir avec délectation et nous laissons faire, jusqu’à la folie. J’aime beaucoup cette phrase « Tout ce récit est vrai d’un bout à l’autre – du moins dans la mesure où le fait de se souvenir, d’écrire ou même d’exister ne nous transporte pas déjà dans l’univers incertain de la fiction-… ». Je ne vous direz pas dans quelle nouvelle elle se trouve vous laissant le plaisir de le découvrir en lisant.
« Ici ça va » de Thomas Vinau encore un court texte, de la poésie en prose, une histoire de reconstruction. J’aime beaucoup l’écriture de thomas Vinau, des phrases courtes, travaillées pour vous toucher, une écriture sans gras, à l’os et bourrée de poésie. Tout au long de la lecture, le bruit de la rivière vous accompagnera. Revenir sur les lieux de son enfance pour apaiser ses peurs, rénover une maison pour retrouver le sommeil, explorer les vieilles malles à la recherche de ses souvenirs. Une histoire de mémoire, d’où j’extrais cette phrase qui résume, peut être, un des objectifs de la littérature: « En rentrant je me suis dit que ce serait beau de pouvoir se prêter des souvenirs. » Ce texte est un manifeste antirésilience du moins dans son acception managériale du terme.
A ce propos, je vous conseille fortement le nouveau podcast de France culture, En-quête d’idées. La première série de quatre émissions porte sur la résilience, cette idée qui d’outil intéressant pour comprendre certains comportements humains est devenue une injection à la performance. Tout l’intérêt et les limites du concept sont explorés intelligemment pour que vous puissiez vous faire votre idée.
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