Les rognons s’accommodent particulièrement avec le porto. Dans une note récente, j’avais déjà abordé l’impact de la consommation d’alcool sur le rein. Ses risques certains avec la pratique du binge drinking et une association inverse entre risque de maladie rénale chronique et consommation d’alcool.
Une étude néerlandaise vient conforter les résultats de la méta analyse qjmed.hcu247.full. Il s’agit d’une Xième analyse de la cohorte PREVEND. 5476 patients indemnes de maladie rénale chronique ont été suivis pendant une médiane 10,2 ans. Ils ont bénéficié de 4 visites de suivi pendant ce temps permettant d’identifier 903 patients qui ont développé une maladie rénale chronique. La MRC est définie par un débit de filtration glomérulaire <60 ml/mn/1,73m2 (300 patients) ou une albuminurie>30mg/24h (697 patients), il a donc 94 patients qui ont les deux. Il y 5 groupes de patients ceux n’ayant jamais consommé, les occasionnels, les légers, modérés et les gros buveurs. Les auteurs découvrent une relation inverse entre consommation d’alcool et survenue d’une maladie rénale chronique. Le risque de développer une MRC diminue avec l’intensité de la consommation d’alcool.
Cette relation résiste à de multiples ajustements. L’alcool pourrait ainsi avoir un effet néphroprotecteur. Toutes les analyses supplémentaires faites confortent ces données, en particulier pour éliminer un possible effet lié à l’arrêt de l’alcool par des individus malades.
Le travail est méthodologiquement impeccable, comme toujours pour cette cohorte ki2014414a. Je regrette juste que nous n’ayons pas de données sur la survie des patients en fonction de leur consommation d’alcool et la survenue d’événements cardiovasculaires. Ceci aurait pu tempérer le message un peu trop positif concernant la consommation d’alcool. Ce travail important, prospectif et observationnel, montre que l’alcool bien qu’étant un hypertenseur, ne semble pas avoir d’effet néfaste sur la fonction rénale à long terme chez des sujets sans maladie rénale. Ceci ne veut pas dire qu’il faut se mettre à en consommer pour protéger ses reins. L’alcool doit être consommé avec modération du fait de ses impacts délétères non rénaux.
J’aimerai avoir un travail du même genre chez des patients avec une maladie rénale chronique, pour connaitre l’impact de l’alcool sur l’évolution de cette dernière.
En attendant, le message reste « à consommer avec modération ».
Merci pour votre article. Est-ce qu’il pourrait s’agir (en partie) d’un biais de confusion? L’alcool, ça s’accompagne souvent d’un grand volume d’eau (exemple dans la bière). Est-ce que cette hydratation abondante pourrait expliquer l’effet protecteur de l’alcoolisme sur la fonction rénale? J’ai survolé l’article, je ne crois pas que les auteurs évoquent cette piste…
Il y a maintenant pas mal d’études qui vont toutes dans le même sens. Il existe peut être un biais peut être pas. La piste dilution je n’y crois pas trop mais pourquoi pas.
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