Médecine
L’essai de la semaine en néphrologie, efficacité du rituximab pour prévenir les rechutes de syndromes néphrotiques chez les enfants rechuteurs fréquents ou corticodépendants. Ce n’est pas miraculeux, mais c’est intéressant. Il confirme l’impression clinique et les analyses rétrospectives. Un beau travail.
Indispensable revue sur la gestion des bactériémies à staphylocoques dorés résistant à la methicilline (MRSA), elle définit les indications de la recherche d’une endocardite et ses moyens, le choix des antibiotiques, un beau travail utile.
Une lecture pour tous les patients en dialyse et avec une insuffisance rénale chronique, l’essentiel et l’indispensable sur l’anémie de l’insuffisance rénale chronique, pour savoir et parler avec son néphrologue. Franchement bien fait, simple, complet, compréhensible. A diffuser.
Croire que le mode de nutrition en réanimation va avoir un impact sur la survie des patients. La naïveté des réanimateurs est émouvante. Je crois qu’on peut dire avec cet article, entérale ou parentérale, c’est pareil.
Cette étude par contre était vraiment intéressante sur le plan de l’approche, malheureusement elle ne montre pas de bénéfice de l’intervention pour réduire la mortalité dans le choc septique. Nous sommes face à un plafond de verre. Il est temps d’imaginer de nouvelles approches pour réduire la mortalité de ces patients.
Économiser la ressource transfusionnelle, grâce à cette étude qui fera date. On ne devrait transfuser que si l’hémoglobine est inférieure à 7 g/dl dans les chocs septiques.
L’insuffisance rénale est un facteur de risque de chutes et de fractures, chez les hommes et les femmes. C’est bien d’avoir de beaux registres.
Le taux d’anticorps antiPLA2R pourrait permettre d’identifier les patients atteints de glomérulite extra-membraneuse à risque de progression vers l’insuffisance rénale chronique.
Une association d’antioxydant pour traiter une myopathie, un effet en 4 mois sur certains paramètres et pas d’autres. Dommage que le calcul d’effectifs fut fait sur le critère principal qui n’est pas modifié par l’intervention. Pour une fois où les antioxydants montrent un petit quelque chose, trahi par la méthodologie. Va falloir refaire une essai avec plus de patients et plus long.
Des limites de la télémédecine ou de son inutilité, je ne sais pas. Un article qui montre que la mise en place d’une salle d’hôpital virtuel pour accompagner la sortie des patients à risque n’a aucun intérêt sur la mortalité et le taux de réadmission à 30 jours par rapport à une prise en charge standard. Cet article est majeur. Il montre que plutôt que de vouloir construire des usines à gaz avec des nouvelles technologies, confier la prise en charge des patients à la sortie de l’hôpital aux praticiens qui les connaissent est plus efficace et coutera moins cher que d’investir dans des outils qui renforcent l’hospitalocentrisme et ne feront plaisir qu’aux vendeurs de e-Santé dont la seule angoisse doit être qu’on diffuse ce genre de travaux bien fait.
Encore un échec de l’acupuncture, pas grand chose à dire sauf que vraiment il ne faut pas dépenser de l’argent pour cette pseudo-médecine.
Science
Je vous conseille l’écoute de l’émission d’Étienne Klein, la conversation scientifique. Si les deux premières émissions ne m’avaient pas enthousiasmé, la troisième est excellente. Elle parle de l’agnotologie, ce terme inventé par l’immense Proctor. Il s’agit de la science qui étudie la production organisée de l’ignorance, bien souvent en utilisant les oripeaux de la bonne science. Ce domaine est en pleine expansion. Il agit sous le couvert du doute, bonne pratique scientifique de toujours tout remettre en questions. Le bon exemple est celui de l’industrie du tabac qui a largement payé des scientifiques pour produire des écrans de fumée. On accuse souvent big pharma, big tobacco, big food d’utiliser cette approche. Je pense aussi que certains lanceurs d’alerte qui ne vivent plus que pour affoler et utiliser l’espace médiatique faisant du doute leur fond de commerce, produise de l’ignorance. Il est très difficile de distinguer la limite entre questions légitimes et questions posées uniquement à visée dilatoire. Apprendre la bonne approche scientifique au plus grand nombre peut être un rempart contre l’agnotologie.
Comment préserver des traces importantes de l’histoire de la biologie? Un très bel exemple avec les documents de Nirenberg sur le code génétique.
Les différents types de cancers urothéliaux ont pour origine des populations cellulaires différentes. Un bel article avec de très belles images.
Seulement 5 loci sont associés chez l’homme à une résistance au paludisme (HBB, ABO, ATP2B4, G6PD et CD40LG). Le phénomène de sélection est un peu plus complexe que ce que nous imaginions.
Une nouvelle utilisation des statines, le traitement de l’achondroplasie, en tout cas chez la souris ça marche. Avant de s’emballer attendons les essais chez l’homme pour savoir si les nains grandiront.
Pourquoi les douleurs chroniques modifient l’humeur et entraine une diminution de la motivation. Un article suggère que l’origine doit être recherché dans la perturbation de la voie de la Galanin.
Si la semaine fut peu glorieuse pour les thérapeutiques dans les sepsis (j’ai oublié un essai avec les statines dans le SDRA), une nouvelle approche du traitement des infections sévères vient d’être proposé dans un très bel article de nature medicine. Les auteurs ont inventé un système reposant sur l’utilisation de nanobilles magnétiques recouvertes d’une mannose liant les lectines. Ils montrent que leurs billes attrapent plus de 90% des bactéries (E. Coli, S. Aureus) et des toxines bactériennes comme le LPS présentent dans le sang, aussi bien in vitro, qu’in vivo (rats). Surtout elles augmentent la survie des animaux recevant du LPS avec une mortalité passant de 84% à 11%. Il reste à savoir si le modèle sera transférable chez l’homme, si les nanobilles ne poseront pas de problème en particulier au niveau rénal ou pulmonaire. Le système est franchement excitant. Demain nous ferons peut être de l’épuration extra-corporelle de bactéries pour traiter les infections graves.
Divers
Banksy au top comme toujours
Terry Richardson j’adore aussi.
23 minutes de bonheur, Madeleine Robinson lit Romain Gary: « La plus vieille histoire du monde ». Si vous ne frissonnez pas, si vous n’êtes pas pris à la gorge, je ne comprends pas. Un texte essentiel, d’une profondeur immense qui vous fera réfléchir au delà de l’émotion car il y a une intelligence rare à l’œuvre.
Si vous avez un petit coup de mou, vous écoutez ça. 1967, pas une ride et le regret qu’il n’ait pas plus gravé, qu’il n’ait pas plus exploré Dylan, qu’il n’ait pas joué avec Pastorius, fait un album avec le grand Duke Ellington. J’adore cette énergie.
Ah, merci beaucoup pour l’agnotologie. Je n’en peux plus de ces lanceurs d’alertes aux capacités scientifiques limitées, mais au narcissisme exacerbé, qui jouent à nous faire peur avec tout et rien.
L’homme de science est désormais coincé entre les lobbies industriels qui minimisent tout risque, et les nouveaux lobbies de la peur, qui font naître une nouvelle industrie soutenue par celle du bio notamment.
Et comme les scientifiques sont priés de faire financer leurs études par des industriels, il n’y a plus d’experts indépendants.
Je me demande comment le public peut s’y retrouver.
Salut !
J’ai appris un mot avec agnotologie, je peux faire le kéké à l’apéro 😉
Suis content de cette étude dans le NEJM, ça peut me donner une carte Increvable pour éviter la transfusion chère à Rivers qui aime bien soigner des chiffres (la ScVO2 en l’occurence).
Enfin, je te conseille de jeter un coup d’oeil à cet article, c’est assez édifiant : http://www.nature.com/doifinder/10.1038/nm.3686
tchuss