Un sujet d’actualité pour un lundi de Pâques.
Vous allez pouvoir, d’ici la fin de l’année, répondre à cette angoissante question.
Deux sociétés de biotechnologies se lancent sur le marché du « How long is my telomere? ». La première, américaine, est Telome Health, la seconde, espagnole, est Life Length, elles proposent toutes deux de vous donner à partir d’une simple prise de sang la taille de vos télomères. Le coût de ce service n’est pas donné sur les sites de ces deux sociétés. Life length proposerait un prix de 500 euros.
Les techniques utilisées sont différentes, l’une propose une mesure en q-PCR, l’autre en Q-FISH. Il sera ainsi difficile de comparer leurs résultats. La première approche donne une valeur moyenne de la taille des télomères alors que la seconde analyse les télomères de façon moins globale permettant de dire si un groupe de cellules présente des télomères diminués de façon critique. Cette dernière technique pourrait être plus sensible.
Ces start-up sont portées sur les fonds baptismaux par des stars, d’un coté E. Blackburn (prix Nobel 2009 pour la découverte des télomères, 319 papiers dans PubMed), de l’autre M.A. Blasco (grande dame du cancer en Espagne, 169 papiers dans PubMed).
Au fait ça sert à quoi un télomère? J’en avait parlé ici lors de l’attribution du Nobel 2009. Rapidement, ils protègent les extrémités de nos chromosomes. Leurs tailles diminuent au fil des divisions cellulaires dans les cellules somatiques. Quand ils sont trop courts, la cellule se suicide ou rentre en senescence. C’est un processus important en physiologie du vieillissement. Les télomères se raccourcissent car il manque une enzyme la télomérase. Cette enzyme est normalement exprimée dans les cellules souches. Une reexpression de la télomérase peut être impliquée dans la cancérogenèse.
La diminution de la taille des télomères est associée à un moins bon pronostic dans toutes les maladies dans laquelle, elle a été étudiée (nombreuses références sur les sites des deux sociétés). Actuellement, nous ne savons pas quoi faire de cette diminution chez un individu en dehors de la constater et dire ce serait peut être mieux si c’était un peu plus grand. Il existe de très nombreux articles avec des résultats parfois antagonistes. Je ne suis pas un spécialiste. J’ai l’impression qu’il est prématuré de penser que la taille des télomères est un marqueur pertinent en clinique humaine.
Ces sociétés proposent un résultat biologique dont nous ne savons pas encore quoi faire. Nous ne sommes pas sur qu’il améliore la stratification du risque par rapport à des marqueurs plus classiques. Il est trop tôt de proposer un tel service au grand public. Ce sera peut être un outil indispensable mais il y a encore du travail avant de le démontrer.
C’est le sentiment que l’on a après la lecture de cet article que je vous recommande.
- Mitch Leslie, « Are Telomere Tests Ready for Prime Time? », Science 332, no. 6028 (avril 22, 2011): 414 -415.
De nombreux scientifiques pensent qu’il est trop tôt pour lancer ce genre de produits sur le marché. Nous sommes fassent à la même problématique qu’avec les sociétés de génomique personnelle. Si vous êtes en bonne santé et qu’on vous annonce: « vos télomères sont plus court que la moyenne », que faire? Si on vous annonce que vous avez un T à la place d’un A sur le SNP rs2345678, que faire? Vous n’en savez rien, je n’en sais rien, personne ne sait comment utiliser ces données.
Ces approches génomiques, cellulaires sont l’avenir de la bio-médecine, mais un accès trop précoce à ces informations sera plus générateur d’angoisse que de bien être. Nous sommes encore dans le cadre de la recherche. Je finirai en reprenant le dernier paragraphe de l’article.
« But do we really want to know how long
our telomeres are? Shay thinks many people
do—but he’s not one of them. “I have no
interest in knowing how long my telomeres
are,” he says. “I’m afraid to ask.” »
Il faudra un jour réguler la mise sur le marche des tests biologiques innovants, comme pour les molécules innovantes. Si vous avez un peu d’argent à investir, n’hésitez pas, choisissez les entreprises de diagnostics, elles sont pleines d’avenir. Vive le capitalisme biotech.
Hello
Je suis presque étonne qu’ils ne vendent pas une option compléments alimentaires (resveraTroll) pour protéger ses petits capuchons a chromosome…
Ils aimeraient bien, après la découverte des télomères et surtout de la télomérase, pas mal de sociétés (start-up) se sont lancées dans l’aventure. Sans succès réel pour l’instant. La prudence des business angels après avoir été échaudé est légendaire. Il est plus prudent d’investir dans du diagnostic. La seule limite du business model contrairement à 23andme et consoeurs pas de possibilité pour l’instant d’accès direct aux clients, la prise de sang est un obstacle alors que la salive…