Je continue avec ma problématique du conflit d’intérêts. J’y suis poussé par le JAMA internal medicine qui manifestement prépare un numéro spécial générique (4 articles et 2 éditos). Si vous voulez savoir ce qu’est un conflit d’intérêts je vous conseille de lire l’article recommandé par Bruits des Sabots dans cette note.
L’article qui m’a attiré est celui ci 01714638-900000000-98497. Il montre comment, de façon simple, la substitution de la prescription en nom commercial vers le générique se fait automatiquement dans le dossier médical informatisé, permet d’augmenter de plus de 20% la prescription de générique . Il faut cocher une case pour que la molécule prescrite dans son nom de marque ne soit pas substitué. Ça revient en moins compliqué à demander au prescripteur français d’écrire « non substituable ». Le résultat est graphiquement spectaculaire.
L’effet du changement d’une ligne de code est impressionnant.
Mais est ce vraiment utile de substituer pour le système de santé? Un article répond à la question 01714638-900000000-98500 . Pour faire court, entre 2010 et 2012, si toutes les prescriptions de médicaments de marque avaient été faites en générique 73 milliards de dollars auraient été économisés, oui 73 milliard de $, pas mal non? La force de ce travail est d’inclure les rabais consentis par les fabricants de molécules de marque. Prescrire des génériques, en pratique le plus simple est de prescrire en DCI, est économiquement plus que viable. Il existe quelques périls sur ce modèle, comme soulevé dans cet éditorial 01714638-900000000-98494, en particulier quand le générique devient plus cher car un pirate acquiert le monopole.
Est ce que les liens financiers entre industrie pharmaceutique et prescripteurs ont un impact sur la prescription de générique ?
Deux articles abordent cette très intéressante question 01714638-900000000-98500 01714638-900000000-98496. Le premier montre que les praticiens qui reçoivent les visiteurs médicaux sont les plus sceptiques vis à vis des génériques. Les auteurs conseillent de protéger les praticiens du contact avec la visite médicale et de faire une information directe sur la disponibilité des génériques. Le deuxième article s’est intéressé à la prescription des statines sous leur forme générique par rapport à la prescription de marque en fonction des avantages financiers reçus par les praticiens dans l’état du Massachusetts. 37% des praticiens reçoivent quelques choses de l’industrie, essentiellement des repas (71% des cas). Tout les 1000 dollars reçus, les auteurs observent une augmentation significative de 0,1% des prescriptions des produits de marque. Cet effet disparait pour les professionnels recevant moins de 2000 dollars.
Je reconnais bien volontiers que quelques points tirent la droite, n’empêche qu’il y a un lien. Les auteurs ont cherché à identifier le mode de défraiement le plus corrupteur. Le seul a être statistiquement significatif est le paiement de formation pédagogique. En pratique, si vous mangez des petits fours en écoutant un orateur payé par l’industrie, c’est le causant qui prescrira le plus le produit du laboratoire qui vous invite. Vous venez de découvrir sous vos yeux émerveillés le concept de leader d’opinion.
Je trouve ces articles très, très intéressants. La France a fait de bons choix, prescriptions en DCI obligatoire (même si elle n’est pas suivi), substitution par le pharmacien, limitation de la visite médicale, pour promouvoir le générique. L’impact financier de cette politique volontariste doit nous pousser à tout faire pour convaincre nos concitoyens de l’intérêt des génériques et faire disparaitre le « non substituable ». Ce n’est pas facile, mais de telles lectures me remotivent. Le plus simple reste de limiter au maximum ses prescriptions de médicaments. Le meilleur moyen de faire des économies est de toujours se poser la question: « Est ce que mon patient à vraiment besoin de ce médicament? »
Pour les conflits d’intérêts, j’attendrai qu’on me montre l’exemple.
En attendant, finissons en musique avec un des meilleurs trompettistes européens, le sarde Paolo Fresu dans une reprise étonnante. Si vous avez l’occasion de le voir sur scène précipitez vous, c’est un formidable musicien et show man.
Revenons en a nos histoires d’économies, sachant qu’il faut payer les pharmaciens en échange de ce travail de substitution, ce qui a un coût, et qu’il existe entre l’effet nocebo, les vrais effets indésirables du aux excipients et les pbls de confusion notamment dans la population âgée (ce qui a aussi un énorme coût) y’a t’il de véritables économies avec l’usage actuels des génériques ? Sans doute mais moins qu’on ne le dit mais contrairement a l’option la plus simple qui aurait été de contraindre légalement les laboratoires a vendre leur princeps moins cher après expiration du brevet, l’option des génériques ne nécessite pas un grand courage politique en laissant la responsabilité sur le dos des professions de santé.
J’aimerai avoir des données sur ce que vous avancez pas juste des impressions. Les effets indésirables des excipients, tout le monde ne parle mais où sont les données? Les publications? Pareil pour les confusions, si tout le monde prescrivait en DCI, il n’y aurait plus de problème, plus de confusion. Ces différents articles apportent des données des chiffres réels. Je ne demande qu’a vous croire, montrez moi les datas.
Ce n’est pas un sujet ou les publications abondent je vous le concède, néanmoins quelques travaux de pharmacovigilance relèvent les pbls mentionnés surtout chez les patients âgés ou suivi en psychiatrie (donc souvent polymédiqués ) :
https://www.vidal.fr/actualites/14224/les_changements_de_couleur_ou_de_forme_des_medicaments_augmentent_les_risques_d_interruption_du_traitement/
http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/19594198
http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC2652458/
D’autre part la prescription en DCI ne règle rien du tout, je suis désolé, mais avec la dizaine de génériques existants sous forme non standardisé pour chaque médicament et choisi par le pharma en fonction de l’offre il y a de quoi en perdre son latin même en connaissant les molécules !
Effectivement, le moins qu’on puisse dire c’est que la littérature est plus que pauvre avec un niveau d’évidence proche de rien.
Ce que j’aime chez les anglo-saxons est leur capacité à répondre à des questions en produisant des données alors que les français prennent des décisions ou avancent des choses sans aucune preuve, juste au feeling. Parfois on a raison parfois tort. La donnée ne ment pas. Elle peut être mal produite, ne pas refléter la réalité, être mal interprétée, déformée, mais elle existe et peut être analysée si elle est accompagné du protocole de recueil. C’est pour cela que plutôt que le principe de précaution qui souvent ne repose sur pas grand chose, il faut produire des données scientifiques pour répondre aux questions.
Concernant la problématique des génériques avec changement de couleur, de forme, j’ai écrit un truc l’ACI. https://perruchenautomne.eu/wordpress/?p=2565
Un des dernier mail de l’ASM: risque de confusion entre previscan et permixon (quand les ordonnances sont manuscrites certes)… On est loin des confusions entre dci ou génériques.
Personnellement je n’ai pas vu plus d’erreur avec la prescription en dci qu’avec les « anciens » nom commerciaux
Ping : Génériques et conflits d’in...
Le meilleur moyen de faire des économies ?
Il n’en existe pas d’univoque.
Pourquoi voir le médecin tous les 3 mois, tous les 6 mois, pourquoi prescrire tel examen, pourquoi le répéter, pourquoi tel médicament et pas tel autre, pourquoi telle classe et pas telle autre, le nombre de possibilités est infinie.
Tout le monde sait d’ailleurs que les hôpitaux ont des accords avec les labos qui leur vendent moins chers les médocs pour que les noms figurent sur l’ordonnance de sortie du patient.
Je ne suis pas certain que la logique économique soit celle qui prévale à l’hôpital mais on peut en discuter.
Vous avez oublié la première question: Est ce que la médecine sert à quelque chose?
Sur la problématique des rabais accordés, l’intérêt d’un des articles que je cite est de montrer que même avec ça, les génériques font mieux.
Très juste. Ce devrait être la première question à se poser d’ailleurs.
Il est connu que c’est le comportement des individus qui est le déterminant principal de leur état de santé, or la médecine n’a pas pour but ni pour objet principal de modifier ce comportement.
Soigner des malades en quelque sorte c’est aussi accepter qu’ils le soient, et non pas tout faire pour qu’ils ne le soient pas.
La médecine occidentale est construite sur ces principes, c’est sans doute dommage, et c’est sans doute ce qui explique en partie aussi la logique inflationniste des soins et des coûts.
Pour être pragmatique.
Et si nos amis médecins écrivaient le nom du médicament générique sur leur prescription, et non celui d’origine, tout le monde si retrouverait non ? Le patient en premier.
Je ne connais pas la législation en la matière, mais pourquoi laisser au pharmacien le choix de tel ou autre générique ?
Changer les comportements ? Normal que les patients soient frileux. Ce qui rend les génériques si impopulaires, c’est qu’ils ne s’y retrouvent pas…N’est-ce pas là le coeur de la « confusion » dans toutes ses applications. Dangereuses parfois. Les patients se demandent encore sur quel continent à l’autre bout du monde le médicament est fabriqué, s’il contient seulement la molécule d’origine ?
Combien de doublons achetons sans savoir, lors d’une nouvelle prescription, que nous avions déjà l’équivalent dans nos pharmacies individuelles. Quelle gabegie publique !
Quand aux ruptures de stock en pharmacie sur de nombreux médicaments, génériques ou pas, il y a de quoi se poser aujourd’hui quelques questions.
Reste à nos élus santé à faire un peu de pédagogie, voire de ménage…
Grazie mille à vous PUautomne, pour Paolo Fresu, je ne connaissais pas (quelque lacune). Un Bô et rafraichissant moment !
PS : si quelqu’un sur le site sait où déposer ou faire retirer les médicaments dont faire profiter quelque population qui en a un réel besoin, je fais le tour de mes voisins et je délivre un stock.
Il n’est plus possible de déposer les médicaments non utilisés dans les pharmacies… Pourquoi donc ?